Nyx Nótt – Themes From

Melodic Records
Musique de film
Nyx Nótt - Themes From

Library Music, disait-on encore dans les années 80, pour désigner ces bibliothèques de bandes-son libres de droits, que l’on éditait alors sous forme de catalogues, afin d’illustrer le plus souvent des documentaires TV ou des génériques de séries B à Z. Parmi les fournisseurs semi-clandestins les plus émérites dans ce domaine, on recense le Français Jack Arel (de son vrai nom Jacky Antoine Joseph Azzopardi), qui en produisait au kilomètre avec ses complices Pierre Dufour et Jean-Claude Petit, mais aussi les Pretty Things qui, affamés et en rupture de ban, en enregistrèrent anonymement (pour le label de Wolfe Music) de quoi remplir au moins trois CDs (regroupés depuis dans la série “Electric Banana”). Car il va sans dire que la motivation première en la matière était alors alimentaire, mon cher Watson… Progressivement supplantée par des courants tels que les scores Blaxploitation d’une part (auxquels contribuèrent notamment Isaac Hayes, Curtis Mayfield et Marvin Gaye), puis par ce qu’on désigna ensuite sous le vocable d’ambient (dont Edgar Froese, Can, Popol Vuh, Vangelis et Eno se firent une lucrative spécialité), la Library Music appartient désormais au patrimoine bis des musiques de la fin du siècle dernier. Derrière Nyx Nótt se dissimule à peine Aidan Moffat, co-leader du projet alternatif écossais Arab Strap (aussi protéiforme qu’intermittent). Après un premier album publié sous ce faux-nez en 2020 (le contemplatif et comateux “Aux Pieds De La Nuit”, sic), ce brave Aidan a décidé cette fois de se plier à un exercice un brin plus enthousiaste: concevoir et exécuter pas moins de huit thèmes instrumentaux censés illustrer des genres cinématographiques et/ou télévisuels populaires. C’est ainsi que l’on passe successivement de “Docudrama” à “Porno” (et sa trombinette glauque), avant “Thriller” (rien à voir avec l’album homonyme de Bambi), “Caper” (film de hold-up et de cambriolage, et son pattern de basse haletant sur jazz beat, violons et cuivres limite free, façon “Get Carter” de Roy Budd), “Swashbuckler” (aventure, à la manière d’un Ryuichi Sakamoto), “Hardboiled” (film noir, avec saxo et contrebasse de rigueur, que vient toutefois perturber un synthé facétieux), “Tearjerker” (drame perverti par des machines, alternant leur sarabande avec un thême de musique de chambre) et “Actioner” (film d’action, et ses arabesques de violons en escadrille façon John Barry). Sans verser outre-mesure dans le rétro, Moffat n’en respecte pas moins les codes des genres envisagés, au fil d’instrumentations empruntant à l’électro toutes ses potentialités orchestrales. Si l’on n’y retrouve pas exactement le souffle épique des classiques de John Williams, Nino Rota, Michel Legrand, Lalo Schifrin ou Ennio Morricone, l’expérience ne s’en avère pas moins des plus convaincantes, et ce sans recours à un quelconque second degré, résolument hors de propos. Comme le suggère sa pochette, un disque qui  crève littéralement l’écran.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 25th 2023

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Tracklisting:
Docudrama – 05:45
Porno – 04:09
Thriller – 05:31
Caper – 04:29
Swashbuckler – 03:17
Hardboiled – 05:46
Tearjerker – 04:32
Actioner – 07:11

Album à commander ICI

A noter : une édition vinyle jaune en série (très) limitée est proposée (300 ex seulement!) et un CD en “édition limitée” également.

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