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22ème album pour le plus ancien groupe batave encore en activité (si l’on omet Golden Earring). En pas moins de quatre décennies, les NITS ne s’en sont pas moins montrés avares de leur talent: cinq ans se sont ainsi écoulés depuis leur dernière livraison studio. C’est que le trio fondateur encore aux commandes de ce frêle esquif demeure fidèle à la même esthétique: économie de moyens ne rime en rien chez eux avec pusillanimité, bien au contraire. Adeptes forcenés de la ligne claire, ces concitoyens de Joost Swarte et Ever Meulen portent en effet l’épure au pinacle de la vertu. Et par conséquent, ne s’expriment strictement que quand ils ont quelque chose à dire. Voici donc en quoi la forme minimaliste qu’épousent leurs arrangements sied à merveille leur propos. Car le concept de ce nouvel album des NITS n’est autre que la réminiscence de souvenirs familiaux de la seconde guerre mondiale, et de l’immédiat après-guerre qui en résulta. Climats tour à tour languides et oppressants (“Radio Orange”, “Lits-Jumeaux”), plages atmosphériques parfois réminiscentes de Kraftwerk (“Along A German River”) et Mark Hollis (“Breitner On A Kreidler”, “Zündapp Nach Oberheim”), le spleen tranquille que diffusent ces dix séquences s’inscrit dans cette forme de folk synthétique qu’épousa Leonard Cohen au terme de sa carrière. Entre la limpidité des Go-Betweens et la fausse candeur d’XTC (“Cow With Spleen”), les NITS confirment à nouveau leur statut particulier au panthéon de la pop éternelle.
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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