Nine Below Zero – Its Never Too Late

ZED Records
Blues

Nine Below Zero est non seulement le titre d’une chanson signée Sonny Boy Williamson II, mais aussi le nom d’un groupe devenu l’un des piliers du blues et qui, pourtant, aurait pu continuer à s’appeler le Stan's Blues Band, nom que le combo avait pris à sa création, en 1977. A cette époque, le guitariste Dennis Greaves était accompagné par le bassiste Peter Clark, Kenny Bradley à la batterie et Mark Feltham au chant et à l’harmonica.
Deux ans plus tard, en 1979, alors que le groupe joue au pub ‘The Thomas A'Beckett’, sur la Old Kent Road, ils font la connaissance d’un ancien musicien, Mickey Modern, qui non seulement va devenir le manager du groupe mais les pousser à changer de nom avant l’enregistrement de leur premier disque, ‘Live At The Marquee’, enregistré le 16 juin 1980. Ce sera donc sous le nom de Nine Below Zero que le combo va écumer les pubs et les salles de concerts avant de remplir le Hammersmith Odeon.
C’est ensuite Stix Burkey qui va remplacer Kenny Bradley à la batterie, avant que le producteur de leur second opus, Glyn Johns, ne provoque le changement de bassiste. Peter Clark s’en va, remplacé par Brian Bethall, puis le groupe se sépare après la sortie de son troisième opus.
Tenace, Mickey Modern sent qu’il ne faut pas laisser tomber et en 1990 il relance Feltham et Greaves pour qu’ils reforment Nine Below Zero, accompagnés cette fois par deux partenaires de Rory Gallagher, Gerry McAvoy à la basse et Brendan O'Neill à la batterie. C’est le déclic, la formule magique, et Nine Below Zero reprend la route des studios et des scènes, recueillant un succès mérité.

Avec ce nouvel opus, ‘It’s Never Too Late’, le combo réussit la performance de nous proposer un blues intemporel. Le plaisir de jouer est intense, immense, et cela se sent dès le premier titre, ‘Mechanic Man’.
Ensuite, pas un moment faible. Tout est percutant. Les voix et l’harmonica accrochent, les guitares claquent, la rythmique cartonne. C’est un feu d’artifice qui rend cet album inclassable, car trop talentueux.

Tous les titres sont bourrés d’une énergie diaboliquement positive et permettent de se faire du blues une image bien plus lumineuse et plaisante que ce que certains médias veulent laisser à penser, quand ils en parlent.
Le chef d’œuvre de cet opus, car il y en a un qui survole toute cette galette, est ‘Hit The Sport’, aux riffs de gratte stoniens phénoménaux qui vous font dresser les poils. La voix, les voix et l’harmo sont à l’unisson de cette guitare vengeresse, et que dire de cette rythmique qui propulse l’ensemble au-delà des étoiles les plus inaccessibles. Monumental de simplicité et d’efficacité, c’est ‘Hit The Spot’.

Le livret, entièrement en noir et blanc, est d’une grande qualité graphique et rappelle l’ambiance sombre des villes portuaires anglaises du siècle passé.

Quel que soit l’avenir de ces Nine Below Zero, cet album restera un des pavés marquants de ceux qui auraient pu rester le Stan's Blues Band. Le genre de pavé que l’on gardera comme une relique près de cet autre pavé, ramassé dans l’une des rues du Quartier Latin, en mai 68.

Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy

 

Il n’est jamais trop tard pour faire encore mieux que ce que l’on fait d’habitude. C’est du moins le sentiment que l’on éprouve dés les premières notes de la première chanson du nouvel opus des Nine Below Zero. Cette réaction quasi instinctive se trouve confirmée aussitôt que le riff de guitare du second morceau démarre, immédiatement accompagné par l’harmonica de Mark Feltham. Cela faisait d’ailleurs quelque temps que l’on n’avait rien entendu de nouveau de la part des garçons, ce qui est chose normale, me direz-vous, car il faut laisser du temps, entre les albums, pour que l’on s’imprègne des morceaux du disque précédent pour les jouer sur scène. Puis il faut s’accorder le temps de gestation nécessaire avant l’écriture et la réalisation de la prochaine galette.
Mais une fois le nouvel album entre les mains, on réalise et comprend qu’il nous avait manqué quelque chose que l’on ressentait sans pouvoir l’exprimer. Ce sentiment confus d’un vide qu’il fallait combler alors même que l’on ne pouvait pas exprimer concrètement ce qui nous manquait. Et tout compte fait, c’est peut-être l’absence momentanée de ces quatre garçons qui nous pesait, car dès les premières secondes du premier titre, disais-je, le sentiment d’être à la maison avec de vieux potes vous prend à la gorge. Comment avions-nous pu nous passer d’eux si longtemps? Comment avions-nous pu oublier à quel point ils nous étaient essentiels?

Dès la première écoute de ce superbe ouvrage qu’est ‘It’s Never Too Late’, on a cette impression étonnante de découvrir les nouveaux morceaux et en même temps de les écouter de manière très familière, comme si nous avions toujours fredonné ces mélodies et entendu ces riffs de Dennis Greaves à la guitare. ‘Breakin’ Down’, ‘Hit The Spot’, pour ne vous citer que deux des premiers morceaux de l’opus, ne manqueront pas de vous rappeler cette époque où la Grande Bretagne laissait perler les premières gouttes de ce que l’on n’allait pas tarder à nommer la vague du British Blues. Le deuxième titre cité évoquant même de manière très colorée ces pierres qui roulent qui allaient révolutionner les grandes ondes de nos vieux transistors Audiovox.
Et tout le disque est du même acabit! Du bon blues anglais aux origines pop…ulaires indéniables, mais aussi du pub-rock aux relents chargés de houblon. D’ailleurs la photo au centre du livret accompagnant la galette rappelle des prises de vues d’il y a plus de trente ans: une barge près de conteneurs à quai dans une zone industrielle ordinaire, à proximité d’habitations où grisaille du ciel et de la vie quotidienne ne font qu’un. De ces endroits impersonnels et sinistres où seule la musique peut aider à survivre et à subir le temps.

Ayant déjà évoqué l’harmoniciste et le guitariste de ces Nine Below Zero, je me dois de continuer en insistant sur la solidité de la rythmique composée de Brendan O’Neill aux fûts et de Gerry Mc Avoy à la basse. Sans oublier les invités qui ont participé à l’enregistrement: une certaine Jennifer O’Neill pour les chœurs sur ‘Hit The Spot’, avec un lien de parenté certain avec le batteur, le guitariste Ian Cummins qui aligne un solo de gratte, et Glenn Tilbrook qui est au banjo, à la sitar, au wurlitzer piano ou à la guitare sur six des douze morceaux.
Tout ce beau monde a répondu présent pour participer à la réalisation de ce nouveau superbe album des Nine Below Zero qui, comme je ne manquais pas de l’écrire, viendront interpréter ces nouveaux titres sur scène, très bientôt.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine
Nine Below Zero