| Jazz Fusion |
Originaire de Slovaquie, le jeune saxophoniste alto Nikola Bankov (actuellement basé à Zurich) propose son troisième album. Déjà bardé de prix et de nominations, c’est à la tête de son propre quintette (comprenant quatre talentueux musiciens Danois) qu’il y dévoile sept nouvelles compositions de son cru. Alors que son prédécesseur comptait pour invité rien moins que le renommé Randy Brecker, celui-ci accueille, respectivement sur un titre chacun, le bassiste Tim Lefebvre (qui participa aux ultimes enregistrements de David Bowie, sous la houlette de Donny McCaslin) et le guitariste anglais Tom Ford (remarqué notamment auprès de Chris Dave, Keyon Harrold et Reuben James). Dès le “Everyhing I Have” qui ouvre le ban, on y distingue la volonté de concilier un abord accessible, tout en exprimant une exigence de haut niveau quant à son exécution. Les envolées de sax y côtoient un magistral chorus ascensionnel de synthé signé August Korsgaard, et l’on se situe donc heureusement loin des pénibles compromissions auxquelles se soumirent en leur temps George Benson et Grover Washington… Ce qui n’empêche pas des plages comme “5AM” (où la guitare électrique de Jonas Gravlund s’octroie un solo digne des riches heures de Mahavishnu), “What’s Next?” (traversé par un impressionnant chorus de basse), ou encore “Eleven:Eleven” (avec son solo de piano électrique inspiré) et l’enthousiasmant “Fast Life” (featuring an astonishing Tom Ford) de groover sérieusement en alternant funk binaire et ternaire (sur la foi de l’impressionnant drummer Jacob Hedegaard), tandis que quelques oasis paisibles (le majestueux “On Repeat” et le contemplatif “Peace Of Mind”, où Bankov duettiste avec Lefebvre) permettent à l’auditeur de respirer. Si l’emphase réverbérée de la captation du sax et l’omniprésence des synthés (le bassiste Frederik Bak alternant lui-même basse électrique et moog bass) confèrent à l’ensemble une sonorité à la fois lisse et électrique, la construction même des morceaux n’en présente pas moins une riche diversité, à même de convaincre jusqu’aux plus réticents. En dépit du look de clubster qu’assume Nikola sur les photos de la pochette, ce disque n’accuse en effet nulle trace de house, de trip-hop ni d’électro, privilégiant au contraire une subtile combinaison de thèmes exécutés avec sensibilité et détermination. Fusion’s not dead!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, November 10th 2025
Follow PARIS-MOVE on X
::::::::::::::::::::::::::