NIGHTSHIFT – Zöe

Trouble In Mind / Modulor
Post-Punk
NIGHTSHIFT - Zöe

Le bon côté (s’il en est un) de la crise actuelle de l’industrie phonographique (deux termes désormais d’autant plus antinomiques qu’ils se retrouvent associés), c’est que l’extrême désorientation qui en résulte parvient encore à provoquer quelques surprises, en dépit de la pusillanimité généralisée. Hormis quelques labels indépendants (dont cela semble au demeurant la vocation), qui se risquerait en effet à signer de nos jours d’apparentes aberrations telles que PIL, Sonic Youth, Pavement ou les Pixies? En vertu de quoi les glaswegians Nightshift pourraient presque passer pour des miraculés. Formé en 2019, ce quintette a ainsi autoproduit son premier album sur un confidentiel label local, avant de voir celui-ci (son second) publié chez Trouble In Mind. Bien qu’éloignée de l’idée que l’on se faisait naguère d’une major, c’est déjà l’opportunité d’une distribution outrepassant les lisières embrumées des moors. Nightshift pratique une sorte d’indie-pop post-punk et neurasthénique, empruntant largement ses rythmes entêtants à l’héritage krautrock décidément en vogue. Au regard du lancinant “Piece Together” introductif, du répétitif “Fences” (jusqu’au mantra) et du languide “Romantic Mud”, les “All Tomorrow’s Parties” et “Candy Says” du Velvet Underground feraient ainsi presque figure de bourrées auvergnates, tandis que les timides efforts d’enthousiasme (“Make Kin”, “Power Cut”, “Receipts” ou la plage titulaire) évoqueraient plutôt des B-52s sous Lexomil. Avec ses vocaux aériens, sa rythmique réminiscente de Jaki Liebezeit et son solo de clarinette proche du free le plus débridé, le vertigineux “Infinity Winner” représente sans doute l’épitomé de leur esthétique. Conçu en période de confinement (ses membres se trouvant réduits à ne communiquer et échanger qu’à distance), voici donc un album qui accompagnera aisément les diverses phases de nos dépressions à venir. Nico et Joy Division pourraient bien avoir trouvé leur relève.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 24th 2021

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Le groupe s’est formé au sein de la scène indépendante de Glasgow. Il se compose de David Campbell à la guitare, Andrew Doig à la basse, Eothen Stern au chant et aux claviers, Chris White à la batterie et Georgia Harris à la guitare, à la voix et à la clarinette. Ils ont expérimenté leur indie post punk hypnotique sur un premier album auto-produit sur CUSP Recording et ils arrivent avec leur deuxième album chez Trouble In Mind… Trouble à l’esprit, aujourd’hui. C’est vrai que ce folk rock électrique a de quoi déconcerter. A cause de son aspect “musique répétitive” et hypnotisant, peut-être. Et dans ce cas-là le choix du label trouve tout son sens. D’autant que ce disque n’a pas été enregistré comme d’habitude puisque, confinement oblige, les musiciens étant tous chez eux, chacun a enregistré et reconstitué ses propres parties à distance, à partir de ce qu’il avait improvisé et composé! La nouvelle force artistique ainsi formée permettant de mettre en forme différemment de ce qui avait initialement été prévu. Cette sorte de cadavre exquis a séduit les musiciens, qui ont beaucoup apprécié de proposer des idées aux autres et d’attendre les réponses avant de construire la couche suivante et de la transmettre. L’éloignement physique venant encore pimenter le travail des musiciens qui n’hésitent pas à citer Brian Eno parmi leurs influences. La nature de la composition et de l’enregistrement de l’album fait que ce dernier est imprégné du travail personnel, de la réflexion et de la réévaluation de chaque membre. Tout cela lui confère indéniablement une certaine originalité!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, February 12th 2021

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