Blues |
Deux ans après sa précédente livraison (le remarqué “Tortured Soul”), Nicole Willis est de retour avec quasiment la même équipe, ses Soul Investigators qui, outre son mari Jimi Tenor (deux enfants au compteur), se résument au gang finnois des studios Timmion à Helsinki. Toujours ancré dans la soul de la fin des sixties/début des seventies, le sound empiète sévèrement sur celui, millésimé, de l’écurie Daptone (Charles Bradley, Sharon Jones, Naomi Shelton…). En l’occurrence, la question ne semble désormais plus quel genre interprêter – ou plutôt à quelle époque se référer – mais quelles défuntes icônes ressusciter… Cette soul sister venue du froid opte pour le Curtis Mayfield post-Impressions, Marvin Gaye circa “Let’s Get It On” et Smokey Robinson post-Miracles (“Paint Me In A Corner”). Cuivres soyeux, orgue Hammond salace et percus entêtantes sont donc de mise, et des instrumentaux tels que “Bad Vibrations” et “Vulture’s Prayer” (avec leur flûte façon Herbie Mann, leur vibraphone et leur wah-wah en cocotte) renvoient aux grandes heures des B.O. Blaxploitation. En bonus track, “Hot Sauce” emprunte quant à lui son groove au high-life que popularisa Fela. C’est ce genre de marques de goût qui distingue Miss Willis du vulgus des productions néo-soul actuelles. Un album tellement crédible qu’on jurerait une perle enregistrée voici quarante ans et quelques: da real thang, baby! Existe évidemment aussi en vinyle.