| Chanson française |
Vingt ans après son premier album (il en a enregistré une dizaine depuis, dont le précédent, chroniqué ICI), Nicolas Jules nous revient avec douze nouvelles chansons (ponctuées de deux intermèdes instrumentaux). Si l’on ne craignait pas d’égrener des poncifs en enfonçant des portes ouvertes, on le qualifierait de poète. Ou encore de saltimbanque et de chansonnier, mais alors au sens artisanal du terme (et donc dissocié du caractère désuet que revêtent parfois pareilles disciplines). D’ailleurs, l’épithète “discipliné” n’est pas de celles qui viennent spontanément à l’esprit à son écoute, tant son irrévérence au regard de maints codes et canons de la chanson française risque d’égarer l’auditeur novice. N’empêche, l’art de Nicolas Jules compte sans doute parmi les mieux maîtrisés de la chanson française, et son décalage au regard de ce que ce courant véhicule de nos jours n’a sans doute pour précédent que l’irruption, voici plus d’un demi-siècle déjà, d’un Dick Annegarn dans ce paysage trop souvent convenu. N’allez pas en déduire une quelconque filiation pour autant, car ce Nico là est d’une autre nature encore. On a beau avoir été séduit et bousculé par sa découverte, le sombre héros selon lequel il se présente cette fois trouve encore le moyen de nous désarçonner. Assurant seul ici guitares, basse, claviers et boîte à rythmes, il n’admet pour compères que le violon de Frédéric Jouhannet et les percussions de Roland Bourbon. Avec son marimba, la plage titulaire évoque quelque peu le Arthur H. de “La Boxeuse Amoureuse” (dont s’approchent également “Poignarder La Fumée” et “Guirlande Électrique”), tandis que “Pieds De Biche” résonne comme un Bertrand Belin situationniste, et “Serviette En Papier” un peu comme du Matthieu Boogaerts tétanisé. Parmi ses contemporains, on ne voit pourtant guère au bout du compte que deux autres mavericks auxquels apparenter ce drôle de Jules: Thomas Fersen et Stéphane Derradi (également chroniqué ICI). La classe inclassable, en somme.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, February 17th 2024
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Tracklisting:
1. perroquet
2. sept huit deux mille vingt trois
3. les persiennes
4. six heures et demie
5. la reine du secourisme
6. mouche de la saint marc
7. vos oreilles
8. le muscle
9. poignarder la fumée
10. guirlande électrique
11. robert le diable
12. pieds de biche
13. les antilopes
14. serviette en papier
https://www.youtube.com/watch?v=xLrDHjLJsG4