Rhythm 'n' Blues

Si elle ne portait déjà le titre sus-mentionné, cette rondelle aurait pu tout aussi bien s’intituler “Nico Duportal, Soul Brother”. En effet, jamais Nico Duportal, notre french guitar-hero favori n’avait à ce point assumé ses racines vintage soul. “Isn’t It Wrong”, “My Promised Land”, “Time Is The Money Of Love” et “No Hate, Just Pain” revendiquent ainsi sans rougir l’héritage de géants disparus tels que James Carr et Walter Jackson. La section de cuivres et les claviers y prennent en effet un rôle prépondérant, tandis que Nico n’a sans doute jamais injecté autant de soul dans ses parties (vocales, s’entend). “No Chance” investit ainsi sans complexe les mocassins de Jerry Butler, Major Lance et Robert Parker. Les références ne s’y limitent toutefois pas à celles-ci, puisque “A Good Man” renvoie à ce Texas rhythm que popularisèrent voici quelques décennies déjà Mike Morgan, les T-Birds et Anson Funderburgh, que “With My Bare Hands” cite le “Rumble” de Link Wray sur sa coda, et que “Heartbroken Teenage Idol” lorgne de façon translucide vers Ricky Nelson. “Lost In Her Game” en fait autant avec le côté tex-mex des Fabulous Thunderbirds de son idole, Jimmie Vaughan. “Keep On Keepin’ On” et “Just A Rollin’ Man” empruntent quant à elles les rives swamp de la southern-soul memphisienne que le King tenta de rejoindre quand l’appel de ses racines le ramena vers Tony Joe White. Un album majeur dans la discographie pourtant déjà immaculée d’un artiste dont le reste de la planète se demande pourquoi il n’est pas encore prophète en son propre pays. Bon sang, vous êtes sourds ou quoi?

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 19th 2019