NEAL BLACK – Wherever The Road Takes Me

Dixiefrog / Pias
Blues-Rock
NEAL BLACK - Wherever The Road Takes Me

Quand un musicien aligne pareille guest-list, il n’existe que trois explications plausibles. Soit il s’agit d’un fils à papa (en mesure de rétribuer ces pointures à satiété, afin de masquer sa propre absence de talent). Ou alors d’une groupie, trop contente d’afficher des selfies avec ses héros mi-piégés, mi-condescendants. Ou bien, il s’avère tout simplement de l’un des leurs… Et comptez les donc: de Robben Ford (qui se taille un solo d’anthologie dès le “All For Business” de Jimmy Dawkins d’ouverture) à Larry Garner et Popa Chubby, Mason Casey, Gary Primich, Fred Chapellier, Nico Wayne Toussaint, Johnny Johnson et Jimmy Vivino, ce double CD prend quasiment la forme d’un Who’s Who de la scène blues contemporaine. Révélé en France (et sur la scène blues internationale) par la grâce de Philippe Langlois, Neal Black poursuit depuis sa carrière chez Dixiefrog, le label frenchy qui le signa voici trente ans déjà. Onze albums plus tard, le gusse s’autorise un regard dans le rétroviseur, et nous convie derechef à y considérer le chemin parcouru. Du Texas-boogie (les inflammables “Handful Of Rain” et “I’m Gonna Cry”) au Chicago blues classique (“Cry Today”, “Lost Without You”, “Misery” et ce “It Hurts Me Too” emprunté à Hudson Whittaker), et du vintage rock n’ roll furieux entre George Thorogood et Jerry Lee Lewis (“Did You Ever ?”) au country blues (“Worried About It” de Howlin’ Wolf) et à la hillbilly music (“The King Of San Antone”), ainsi qu’au Tex-Mex bon teint, Mariachi à l’appui (“Bad Rose Tattoo”, ou encore cet “Hotel Room In Mexico” à la mode Stones circa “Beggar’s Banquet”), jusqu’aux dylaneries assumées (ce “Saints Of New Orleans” estampillé “Love Minus Zero”, orgue façon Al Kooper à l’appui) ainsi qu’à son regretté compatriote Calvin Russel, lui aussi expatrié en France (“Jesus And Johnny Walker”, featuring un Bako Mikaelian très fort à l’harmo), l’auditeur est bluffé par la versatilité du bonhomme. Guitar-hero aussi humble que souvent pétrifiant, Neal Black appartient à ce club restreint des apôtres du blues-rock, chez qui l’émotion prime de loin sur l’épate-gogo. Peu importe dès lors que le tour de force instrumental “Justified Suspicion” (avec un Mason Casey à son zénith) se révèle une simple variation sur le thème du “Messing With The Kid” de Mel London: comme il le confesse dans les liner notes, Neal en a bavé des ronds de chapeaux pour sélectionner ces 18 titres parmi la bonne centaine qu’il a enregistrés. Au point qu’il a du négocier avec son label l’octroi d’un second CD live, au fil duquel il donne davantage encore libre cours à sa fibre incendiaire sur huit plages bonus. Avec son timbre râpeux (à faire passer Tom Waits pour Tony Bennett) et son infernale virtuosité sur les six cordes (de la Strat au dobro), Neal Black figure assurément parmi les grands du blues actuel. Si vous l’ignoriez encore, avec ce double CD, vous voilà désormais fixés.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 27th 2022

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On ne dira jamais assez combien il était nécéssaire de revenir sur la carrière de cet artiste devenu incontournable de la scène blues hexagonale. En effet, cela fait tellement longtemps qu’il sillonne les routes et siphone nos oreilles de belle musique bleue que l’on pense parfois qu’il a toujours été là. Comme le suggérait Werner Herzog, les nains aussi ont commencé petits… Cette compilation comprend un CD de 18 titres enregistrés en studio et un enregistrement live inédit, Live in Germany and France, 2018. Les 18 titres enregistrés en studio l’ont été à New York, San Antonio, Austin, Nashville, Guadalajarra, Rohrdorf, Châlon-en-Champagne, Baudonvilliers, Valflaunes, Carpentras et Pau. Ses musiciens les plus fidèles se retrouvent en studio et sur scène, Mike Latrell, claviers, Kris Jefferson et Abder Benachour, basse, mais aussi 4 claviéristes, 7 basssistes, 8 batteurs, 3 percussionnistes, 3 accordéonistes et 4 choristes sont néanmoins mentionnés au gré de ces enregistrements. Neal Black a composé 13 des morceaux du premier opus, en a composé un avec Popa Chubby, et il reprend 4 artistes fameux: Jimmy Dawkins, C Burnett, aka Howlin’ Wolf, J Chatman, Elmore James.
Il est clair que la liste des personnes présentes s’allonge au fur et à mesure de l’écoute des titres. Nous résumerons en écrivant que 17 personnalités incontournables figurent dans la liste des invités spéciaux. Dites vous qu’écouter l’interprétation de ces titres est un “cas d’école”! Rien à jeter , tout à conserver, et religieusement! Et avis à tous les apprentis zykos, voilà un douvle album à écouter en boucle, car Neal est un maître! Venons-en à la captation Live qui dure près de 40 minutes. Plus de reprises, de Elmore James, Robert Johnson, Muddy Waters, J. Chatman cad Memphis Slim, Johnny Nash…. et 2 reprises de l’album studio qui démontrent comment le jeu en public diffère de celui en studio. Petit calcul pour constater que Neal a sorti pas moins de 13 albums au cours des 30 dernières années; signe que le bon temps roule et que l’on ne le voit pas passer!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, April 28th 2022

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Un album à retrouver et à commander sur le Bandcamp du guitar-hero, ICI