NDIDI O – Simple Songs For Complicated Times

Black Hen Music
Americana, Rhythm 'n' Blues
NDIDI O - Simple Songs For Complicated Times

Née à Burns Lake en Colombie Britannique, Ndidi Onukwulu est la fille d’un batteur nigérien et d’une danseuse. Après des débuts à interpréter des reprises dans les clubs canadiens et ceux de New-York, elle participe au collectif électro de Toronto, Stop, Die, Resuscitate, avant d’enregistrer un premier album en 2006, “No, I Never” (avec le guitariste Madagascar Slim), suivi en 2008 de “The Contradictor”. Publiés exclusivement au Canada (sur le label Jericho Beach), ces deux premiers efforts firent l’objet d’une compilation en Europe, sous le titre “Move Together” (chez Naïve). Elle publie trois ans plus tard “The Escape”, suivi de ‘Dark Swing” en 2014 (tous deux chez Emarcy/ Universal), entrecoupés en 2012 de sa participation, auprès de Brisa Roché et Rosemary Standley, au trio The Lightning 3 (“Morning, Noon & Night”, True Velvet Records). Hormis sa collaboration avec Trish Klein (de The Good Tanyas) en 2022 pour “The Blue And The Gold” (hommage à des artistes féminines blues et folk méconnues), on demeurait sans nouvelles de Ndidi O, jusqu’à ce nouvel album, produit par son mentor, le sorcier des six cordes Steve Dawson. Enregistrées à Nashville dans le studio qu’y possède ce dernier (avec son active participation aux guitares acoustiques et électriques, ainsi qu’à la pedal-steel et à la Weissenborn, ainsi que celles de ses fidèles comparses, le batteur Gary Craig et le claviériste Chris Gestrin), ces onze compositions originales restituent la verve de la grande vocaliste que demeure avant tout Ndidi. Avec le renfort d’un trio de choristes gospel, le “Get Gone” d’ouverture laisse aussi la part belle à la slide virevoltante de Dawson et au Wurlitzer de Gestrin, avec l’appui d’une agile section rythmique (featuring Sam Howard à la basse). Le languide “Ode To Death” et les lascifs “Light On” et “So Cold” confirment les impressionnants talents vocaux de Ndidi et de ses consœurs, sur des arrangements laid-back rappelant ceux que proposait J.J. Cale à ses débuts. Dawson s’y fend de soli dignes de Duane Allman et Ry Cooder, tandis que ses comparses y tambouillent ce Louisiana groove dont les Neville Brothers perpétuèrent la tradition. Le deeply bluesy “Don’t Come Back” emprunte la facture antique d’un Doc Pomus, et Dawson ne manque pas d’y apposer sa griffe au fil d’un chorus mémorable, tandis que le délicat three-steps “In May” rejoint la Norah Jones de “Come Away With Me” sur un tapis de pedal-steel ombrageuse et de tambourin. Toujours rythmé par cet instrument, le gospel-holler “Change This Life” voit Gestrin passer à l’orgue tressaillant, avant que “Too Late” ne renvoie à la geste rhythm n’ blues de la grande Aretha Frankilin à Muscle Shoals. Comme l’indique son titre, “Grief” traite avec empathie du compagnonnage avec le chagrin, dans ce registre entre soul et country dont Norah Jones demeure coutumière, avant que “Working Girl” et “Worth” n’empruntent les voies de l’urban folk émancipateur dont Tracy Chapman et Michelle Shocked firent en leur temps leur miel. Un album jubilatoire de southern roots, et une autrice-compositrice-interprète à suivre désormais de près.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, April 1st 2024

::::::::::::::::::::::::::