NATIVE HARROW – Closeness

Loose
NATIVE HARROW - Closeness

Pour une fois, on peut bien se fier à l’emballage: si le layout de la pochette de ce quatrième LP du combo folk-rock Native Harrow évoquera chez nombre de mélomanes de plus de cinquante ans les riches heures de Ten CC, Robert Palmer, Steve Harley ou Gino Vanelli, c’est que leurs références graphiques renvoient précisément à cette même time-line. Ancienne ballerine et chanteuse de formation classique, l’auteure-compositrice Devin Tuel conditionne son expression au cœur de ce courant à la fois tiède et moelleux du milieu des seventies, qu’incarnaient alors Chicago (quand les cuivres étaient en vacances), Seals & Crofts et le Fleetwood Mac post-Danny Kirwan. Soit ce que les musicologues radio finirent par désigner sous le terme un brin condescendant de “yacht-rock” (que d’aucuns s’empressèrent de détourner en “yawn-rock”). Basé à Brooklyn, Native Harrow était à la base (comme T-Rex auparavant) un simple duo folk, dont le multi-instrumentiste Stephen Harms constituait le bras séculier. Au fil des ans, leurs orchestrations se sont étoffées au point d’intégrer une section rythmique, trouvant ainsi le moyen d’en muscler le propos sans l’appesantir outre-mesure. Entre conclusion et proximité, le titre à double-sens de leur quatrième opus évoque ainsi le vaste panel des relations affectives, et ce dès le “Shake” introductif, que l’on jurerait extrait du blockbuster “Rumours” de Fleetwood Mac (dont les initiales rimaient dès lors résolument avec FM). Le reste de l’album se répartit ainsi entre références aux premiers America (“The Dying Of Ages”), Emmylou Harris (“Smoke Burns”, “Even Peace”, “Sun Queen”) et Linda Ronstadt (“If I Could”, “Feeling Blue”). Si le refrain de “Same Everytime” comporte sa traduction phonétique en français, son bossa beat synthétique renvoie davantage à Kate Bush qu’à Jorge Ben, tandis que le quasi-gospel “Carry On” doit quant à lui l’essentiel de sa trame mélodique au “No Woman, No Cry” de Bob Marley (si j’étais Rita, j’intenterais même un procès). Un album pas plus fatigant que la majorité des productions respectives de Stevie Nicks et Christopher Cross, mais guère plus captivant non plus (n’est pas Carole King qui veut). La bande-son idéale pour un barbecue entre voisins bien élevés sur les plages de Waikiki ou de Palm-Beach, avant la sieste dans le hamac. J’ai justement un de ces coups de barre, moi…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 27th 2020