NATHANIEL RATELIFF & THE NIGHT SWEATS – South Of Here

Stax
Americana, Pop
NATHANIEL RATELIFF & THE NIGHT SWEATS - South Of Here

Né en 1978 dans le Missouri profond, Nathaniel Rateliff se mit à la guitare à l’adolescence, et commença très vite à écrire ses propres chansons. Ayant quitté l’école à 16 ans, il déménagea deux ans plus tard à Denver pour y travailler sur un quai de chargement routier, avant de devenir jardinier et de se marier, tout en continuant à écrire et se produire sur le circuit folk local. Avec son premier groupe, Nathaniel Rateliff & The Wheel, il publia en 2007 l’album “Desire And Dissolving Men” chez Public Service Records, suivi en 2010 de “In Memory Of Loss” chez Rounder. La critique le comparait alors à des artistes tels que Bon Iver ou Mumford & Sons (dont il avait assuré quelques ouvertures de concerts). Menant de front une carrière de groupe et une autre en solo, il se produit depuis 2015 sous la bannière de Nathaniel Rateliff & The Night Sweats (dûment signés sur le label Stax réactivé), et teinte depuis lors son americana de sonorités soul. En dépit du succès croissant de cette nouvelle formation, Rateliff traverse alors une période difficile. Son mariage se désagrège, et il s’isole à Tucson pour y écrire la matière d’un troisième album solo. À la même période, le décès soudain de son ami (et producteur) Richard Swift l’affecte davantage encore, et le “And It’s Still Alright” qui en résulte traite en conséquence de la fragilité des relations humaines, ainsi que des épreuves liées à la perte d’êtres chers. Capté à El Paso, Texas, ce quatrième album avec les Night Sweats prolonge la veine de son prédécesseur (“The Future”, paru en 2021), et traite de thèmes aussi intimes qu’universels, dans un contexte musical luxuriant. Les Night Sweats sont en effet au nombre de sept, et leur palette inclut non seulement maintes déclinaisons à cordes (guitares électriques, acoustiques, pedal-steel, banjo, dobro…) et de claviers (du piano au Hammond B3), mais aussi une section de cuivres au grand complet. Entre le Nilsson des débuts et le Lennon de “Mother”, le “David And Goliath” d’ouverture dépeint ainsi la lutte inégale de l’aliéné face un environnement dont il ne saisit plus les codes. Guère éloignés du Tom Petty agreste de “Wildflowers”, “Heartless” et “Everybody Wants Something” ne respirent guère davantage l’optimisme, et même si “Remember I Was A Dancer” voit son auteur tenter de renouer avec un ancien amour, ce recours semble aussi manifestement vain, comme le suggère le harassé “Get Used To The Night”. Proche de la veine du Band d’il y a un demi-siècle (grâce notamment au piano de Mark Shusterman, ainsi qu’à son chant choral), la plage titulaire suinte le même spleen boisé de Big Pink qui nimbait les “Basement Tapes”. L’introspection est à son comble sur le contemplatif “Center Of Me” et ce “Cars In The Desert” gorgé de remords et de désarroi. D’une sincérité confondante, voici donc un opus où les affres de la dépression le disputent à un profond désir de résilience (le lumineux “I Would Like To Heal”, digne des Beach Boys de “Sunflower”, l’acrimlonieux “Call Me (Whatever You Like)” ou l’acerbe “Time Makes Fools Of Us All”). Qui écrivit un jour que les chants désespérés sont les plus beaux?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, July 7th 2024

Follow PARIS-MOVE on X

::::::::::::::::::::::::::