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Il y a une quinzaine d’années, j’ai eu l’occasion d’interviewer deux membres de NASHVILLE PUSSY à leur descente de scène. J’avais eu l’idée saugrenue de leur poser successivement les mêmes questions, au nombre desquelles celles-ci: “Que pensez-vous des autres formations comprenant, comme la vôtre, deux filles, telles que Fleetwood Mac ou Abba?”. Et aussi: “Quel est le pire job que vous ayiez connu, à part la musique?”. Corey Parks, sculpturale bassiste-cracheuse de feu de près de deux mètres, tatouée et piercée des épaules jusqu’au bout des ongles (et qui avait tenté le concert durant de me bousiller mon Canon AE1 à coup de santiags) m’avait répondu, enjouée: “Oh, Abba, quand j’étais gamine, avec mes sœurs, on se faisait des couettes et on mimait leurs chansons en playback, tout en sautant sur nos lits “, et “Mon pire job? Bah, j’ai été serveuse dans un MacDo, et je rentrais tous les soirs les cheveux gras, et puant la frite”. Quant à Blaine Cartwright (guitariste-brailleur de taille modeste, à moustache et képi redneck): “Ces groupes-là, j’aurais aimé les trucider de mes propres mains”, et “J’ai été palefrenier dans un haras. Outre ramasser leur fumier tous les matins à l’aube, j’étais aussi en charge de résoudre la constipation de ces foutus canassons. Ce qui impliquait de leur introduire mon poing dans l’anus pour en extraire la merde”.
Toute l’éthique (?) et la philosophie (!) white-trash du groupe tient dans cette anecdote. Comment s’étonner dès lors que leur musique sonne comme un compromis hasardeux entre Lynyrd Skynyrd et Motörhead, et que leurs lyrics feraient presque passer ceux des Ramones pour des extraits de la Pléïade (“Go Home And Die”, entre Gary Glitter et Joan Jett)? Après avoir épuisé sous ses éperons pas moins de deux sections rythmiques, le couple Suys-Cartwright balance donc un huitième album en forme de grenade dégoupillée. “She keeps Me Coming And I Keep Going Back” sonne comme un out-take de la bande à feu Lemmy, tandis que “We Want A War” évoque le croisement monstrueux de Mötley Crüe et Point Blank, et que “Just Another White Boy” rappelle “en même temps” Kiss et les Real Kids. Du heavy-glam bouseux, si ça peut suggérer quoi que ce soit: le genre à faire passer ZZ Top pour de précieux chichiteux affectés. Rien d’étonnant dès lors à ce que ces quatre tarés continuent à agglutiner frontstage tout ce que le monde libre compte de headbangers hébétés et cirrhosés. Comment ça, je renâcle? Écartez vous, j’arrive!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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“We Want A War” by Nashville Pussy on YouTube: HERE
Nashville Pussy “Pleased To Eat You” – First taste player also on YouTube, HERE
L’album “We Want A War” des Nashville Pussy est dispo en écoute sur les plateformes Spotify, etc… ICI
L’album “We Want A War” des Nashville Pussy est présenté sur le site web de nos amis de NEW NOISE, ICI