MYLES GOODWYN – Friends Of The Blues 2

Linus
Blues
Myles Goodwyn

En tant que leader de l’un des principaux classic rock bands canadiens (April Wine, plus d’une vingtaine d’albums en près d’un demi-siècle, écoulés à près de vingt millions d’exemplaires), Myles Goodwyn est quasiment une institution dans son pays. Si son groupe fut introduit en 2010 au Canadian Music Hall of Fame, Myles n’en préserve pas moins son jardin secret, où il cultive depuis toujours un amour immodéré pour le blues. Celui-ci affleura au grand jour l’an dernier avec son second album solo, “Friends Of The Blues”, enregistré avec des pointures telles que Rick Derringer, Amos Garrett, Jack De Keyzer, Kenny “Blues Boss” Wayne ou Frank Marino. Comme pour les blockbusters de l’industrie du cinéma, voici donc déjà “Friends Of The Blues 2” (le retour du fils de la vengeance). À quelques différences de casting près (plus de Derringer ni de Marino, mais des David Gogo, John Campbelljohn, Shrimp Daddy ou Matt Andersen à la place), la formule demeure inchangée: en songwriter accompli, Myles Goodwyn signe treize des quatorze titres ici proposés, réservant sa seule reprise au classique “It’s All Over Now” de Bobby Womack (immortalisé par les Stones et Johnny Winter), et c’est la principale différence avec la démarche similaire récemment empruntée par un Peter Frampton (qui vient de publier un album de classic blues covers avec d’autres guests de renom). S’il célèbre le Chicago blues (et notamment Buddy Guy) dès “Hip-Hip” (y assénant quelques guitar-licks bien senties), ce brave Myles sait également laisser la part belle au piano (“Blues Boss” Wayne sur ce titre, et Ross Billard sur la ballade néo-orléanaise “Like A Dog Ain’t Had Its Day”). L’adaptation slow-funk/ shuffle de “It’s All Over Now” est à cet égard remarquable, avec John Main aux ivoires, Billard à l’orgue Hammond, Shrimp Daddy à l’harmo et Campbelljohn à la slide guitar. Ce sont l’harmonica de Dewy Reed et la guitare acoustique Matt Andersen qui illuminent ensuite le subtil “You Got It Bad” (réminiscent du “It Hurts Me Too” de Tampa Red). Le timbre de Myles Goodwyn s’y voile d’un grain bienvenu, que l’on retrouve sur le mississippien “Fish Tank Blues” (soutenu par la slide infectée au tétanos d’un certain Will Van Hansolo). Comme son titre l’indique, “Speedo (Revisited)” est une relecture du classique des Cadillacs (en 1955). “Daddy Needs New Shoes” et “Help Me Baby” sont deux boogies irrépressibles (ce dernier avec l’ex-guitariste d’April Wine, Steve Segal), tandis que la ballade “Being Good (Won’t Do Us Any Good Tonight)” présente Myles en duo avec la chanteuse blues qui monte à Montréal, Angel Forrest, sur un lit de saxophone vaporeux. “I Love My Guitar” s’avère la déclaration d’amour (un brin longuette) à l’instrument que son titre suggère, et “When Your Ship Came In (I Was At The Train Station Drinking)” inaugure un tiercé de titres à rallonge (“Sick And Tired (Of Being Sick And Tired Over You”, “I Saw Someone Who Wasn’t There (And It Was You)”, autre boogie avec Segal) qui clôt un album aussi digne que sincère, avant un ultime bonus track country yodélisé dédié à un ami disparu.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 12th 2019