Livre |
À présent que la quasi-intégralité de ses membres originels a rejoint Hadès, Motörhead a définitivement acquis le statut de mythe. Du moins dans l’imaginaire des heavy-metal speed freaks et autres bikers qui s’assemblent chaque année à Clisson pour le Hellfest, où trône à demeure la statue de feu Lemmy Kilmister. Autant qu’un spécialiste érudit, Julien Deléglise est avant tout un dévot de cette formation (l’avant-propos où il s’en explique et le revendique est à ce titre convaincant). Tous les ingrédients de la bio rock n’ roll classique figurent au menu de cette somme conséquente (sans doute la plus pointue jamais proposée dans la langue de Voltaire): les débuts difficiles et laborieux, les crises internes, les managers véreux ou incompétents (ces deux caractéristiques n’étant pas incompatibles) et surtout, une analyse exhaustive de l’ample discographie de ce gang de desperados de l’Apocalypse. Si leurs pérégrinations réjouiront sans doute un lectorat avide de vivre leur débauche et leurs excès par procuration (carburant du fantasme rock depuis son origine), c’est en retraçant le parcours personnel de chacun de ses membres (et notamment celui de leur pilier, Lemmy) que cet ouvrage se révèle le plus éclairant. Ainsi, depuis les Rocking Vickers de Blackpool (après les furtifs Rainmakers et Motown Sect), puis Sam Gopal et Hawkwind (dont il fut sacqué sans ménagement), l’itinéraire de Ian Wills Kilmister traverse cinq décennies (il fut même brièvement roadie de Jimi Hendrix en 67). Partant de cette préhistoire du groupe pour en explorer jusqu’aux ultimes ramifications (le Fastway du guitariste Eddie Clarke – avec Richard McCracken, ex-bassiste du Taste de Rory Gallagher – les Deviants et Pink Fairies pour Larry Wallis, Thin Lizzy puis Wild Horses pour Brian Robertson, Bastards Sons pour Phil Campbell, King Diamond pour Mikkey Dee, Saxon pour Pete Gill…), jusqu’à cette splendide curiosité qui révéla in fine la culture rockab’ de Lemmy au sein de Head Cat, avec Slim Jim Phantom des Stray Cats et le guitariste Danny B Harvey (l’un des plus savoureux coming-outs jamais ouïs en la matière). Comme de coutume au Layeur, l’iconographie et la finition sont aux petits oignons, et ces 365 pages au format 33 tours (comptez les toutes) ne dépareront pas les santiags bicolores frappées des aigles blancs au pied du proverbial sapin de Noël. Ace Of Spades forever!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, October 17th 2024
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