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Réinventer le groove: “Take It to the Sky” ou la renaissance du jazz-funk selon Simard.
Dans un studio de Vancouver vibrant de cuivres et d’ambition, une nouvelle génération de musiciens s’envole, non pas pour ressusciter la nostalgie, mais pour la réinventer.
Un rêve collectif en mouvement
Sorti fin août, Take It to the Sky est le fruit d’un collectif de jeunes musiciens dont la passion dépasse largement les frontières de leur âge. Et si le titre de l’album vous dit quelque chose, c’est normal : il fait écho au disque éponyme d’Earth, Wind & Fire paru en 1980.
Mais loin de se contenter d’un simple hommage, ce projet propose une véritable réinvention. En puisant dans le répertoire d’Earth, Wind & Fire, George Duke, The Crusaders ou Eumir Deodato, les musiciens tissent des arrangements inédits, portés par des sections de cuivres flamboyantes, des cordes somptueuses et un groove d’une irrésistible modernité.
Fruit de plusieurs années de travail, l’album n’est pas une résurrection, mais une renaissance : celle d’un jazz-funk et d’une soul réimaginés, empreints de la vitalité et de la sensibilité d’une génération qui n’a pas connu cette époque, mais qui la fait revivre avec intelligence et fraîcheur.
Vingt et un musiciens, quatre jours d’enregistrement et un siècle d’influences
Le défi était de taille : vingt et un musiciens, quatre jours de sessions intenses, et, au-delà de la prouesse technique, une véritable vision de la musique noire du XXe siècle.
Sous la direction de l’arrangeur et producteur Bill Runge et du chef de production John Korsrud, l’enregistrement s’est déroulé aux studios Monarch et Hipposonic de Vancouver, dans une atmosphère d’émulation créative.
Le casting rassemble quelques-unes des plus belles signatures du jazz canadien : Brad Turner, André Lachance, Randall Stoll, accompagnés des voix remarquables de Rebecca Shoichet et Marcus Mosely. Ensemble, ils donnent chair à la vision de Simard : ressusciter ces morceaux intemporels, mais en plus grandiose, en remplaçant les synthétiseurs par de véritables cordes, en étoffant les cuivres, et en insufflant une nouvelle énergie à chaque note.
Seul regret, purement personnel : l’absence de M.F.S.B., groupe emblématique de cette période et figure dominante du son de Philadelphie. Mais cela n’enlève rien à la qualité de ce projet. Car ici, il ne s’agit pas de reproduire, mais de réécrire. De repenser la mélodie, de la rendre plus souple, plus libre. Et de ne jamais chercher à coller à l’original, au risque de le figer.
De la vision à la célébration
Pour Simard, Take It to the Sky dépasse le simple cadre d’un album. C’est une célébration : celle du travail collectif, de la persévérance et du pouvoir intemporel de la musique.
Entièrement financé grâce à ses succès entrepreneuriaux, ce projet témoigne d’un engagement indéfectible envers la création artistique et d’un profond respect pour les musiciens qui la font vivre.
Bien sûr, les instruments et les méthodes d’enregistrement ont évolué depuis les années 1970-1980. Mais ici, point de nostalgie sonore. Pas question de chercher à retrouver le «gros son» des vinyles : l’intérêt réside ailleurs, dans le jeu, l’écoute, l’équilibre entre précision et liberté.
Les interprétations de ces jeunes artistes sont habitées d’une nostalgie d’époque qu’ils n’ont pas connue. Leur imagination comble le vide du temps, mêlant à la verve du jazz-funk originel une sensibilité héritée du pop et du rock contemporains. Ce dialogue entre hier et aujourd’hui, entre héritage et invention, confère à l’album une beauté singulière.
Vers un nouvel horizon
Avec Motivation, Take It to the Sky se présente comme une véritable déclaration d’amour au jazz-funk. Chaque morceau semble dire : “le groove ne vieillit jamais”.
Et à l’écoute, on rêve déjà que ce collectif ose, la prochaine fois, franchir un pas de plus : celui de composer ses propres titres. Ce serait logique, cohérent, et sans doute révélateur de l’étendue de leur créativité.
Car si cet album nous apprend une chose, c’est que le ciel n’est pas une limite. Pour ces musiciens, le ciel est le groove.
Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, November 7th 2025
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Musicians :
Lead Vocals: Rebecca Shoichet, Marcus Mosely
Background Vocals: Jennifer Scott, Tom Arntzen
Horns: John Korsrud, Derry Byrne – Trumpet; Bill Runge – Alto Sax; Mike Allen – Tenor Sax; Jim Hopson – Trombone
Strings: Cameron Wilson, Mark Ferris – Violin; Parmela Attariwala – Violin, Viola; Finn Manniche – Cello
Piano, Rhodes, Clavinet: Brad Turner, Bruno Hubert
Hammond B3 Organ: Michael Kalanj
Guitar: Russ Klyne, Tristan Paxton
Bass: André Lachance
Drums: Randall Stoll
Percussion: Raphael Geronimo
Track Listing :
T-Jam (Featuring Brad Turner, Michael Kalanj & Bruno Hubert)
Prelude (Featuring Bruno Hubert)
Take It To The Sky (Featuring Rebecca Shoichet)
Skyscrapers (Featuring Brad Turner, Michael Kalanj & Bruno Hubert)
Never Let Me Go (Featuring Marcus Mosely)
Free As The Wind (Featuring Brad Turner, Bruno Hubert & Mike Allen)
You Can’t Even Walk In The Park (Featuring Brad Turner & Bruno Hubert)
