MONOPHONICS – It’s Only Us

Colemine Records / Differ-Ant
Soul
MONOPHONICS - It's Only Us

Sixième livraison pour le soul gang californien qui monte, toujours emmené par le bouillant chanteur et organiste polyvalent Kelly Finnigan (dont le récent album solo, paru l’an dernier, affole également le Landerneau). Fructifiant sur les brisées de ce que Daptone a obstinément ensemencé depuis deux décennies, le label Colemine Records (basé dans l’Ohio) développe à son tour un catalogue dont le sound commence à définir l’identité spécifique. Entre le Marvin Gaye de “Let’s Get It On” (la plage titulaire et “Day By Day”), le Isaac Hayes de “Hot Buttered Soul” et “Shaft” (“Tunnel Vision”), le Curtis Mayfield de “Superfly” (“Chances” et “Last One Standing”, dont les cuivres et percus pastichent même ceux du fameux “Move On Up”) et le Philly Sound des productions Gamble, Huff & Bell (des Stylistics à Teddy Pendergrass, tel “All In The Family”), les Monophonics sont le nouveau porte-étendard d’une soul mélodique, aussi chaloupée que sophistiquée, et représentative d’une époque longtemps controversée de la soul moderne. Au tournant des early-seventies, la southern soul testostéronée de Muscle Shoals cédait en effet le pas à une débauche de cuivres et de cordes, sous l’impulsion de ce que Norman Whitfield appliquait alors aux Temptations. Extrêmement populaire dans les discothèques (notamment au Nord de l’Angleterre, au sein du mouvement Northern Soul), cette évolution n’en divisa pas moins les puristes. Devenu ensuite le modèle standard des soundtracks blaxploitation (depuis le célèbre “Sweet Sweetback’s Baadasssss Song” jusqu’au “Jackie Brown” de Tarantino !), ce courant ne pouvait que bénéficier à son tour du regain d’intérêt d’un public qui se remet à acheter du vinyl. Étape suivante: rhabillez votre salon en orange seventies, ressortez les pattes d’eph taille-basse, les chemises à cols pelles à tarte ainsi que les chevalières, et passez chez votre hairdresser vous faire une coupe afro crédible. Ne ricanez pas, on s’y croirait vraiment. Maintenant, quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi l’artwork de cet album des Monophonics s’apparente tant à celui du “Twelve Dreams of Dr. Sardonicus” de Spirit (paru il y a un demi-siècle)?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 19th 2020