MILES NIELSEN & THE RUSTED HEARTS – Ohbahoy

Autoproduction
Pop, Rock
Ohbahoy

Ceux qui reprocheront à Miles Nielsen de ne jouer que du “dad-rock” n’imaginent pas quel compliment ils lui feront. Àgé de 72 printemps depuis le 22 décembre dernier, son père Rick n’est en effet autre que le guitar-hero au look si improbable (cheveux courts, casquette et expression constamment hébétée) qui officia un bon quart de siècle durant au sein de Cheap Trick! Avec pareil héritage culturo-génétique, il eût été surprenant que son rejeton s’adonnât au rap-métal industriel. Comme les chats font effectivement rarement des chats, le spectre des références paternelles s’égrène sans surprise au fil de cet album intitulé “Ohbahoy”. L’influence de Lennon se fait ainsi jour dès “Old Enough”, tandis que celle du Fleetwood Mac période FM survole “Hands Up”, “Howl At The Moon” et “Big 3”, et que l’ombre de la moitié des regrettés Traveling Wilburys (Tom Petty et George Harrison) hante le bien intitulé “Ghosts”. Celle-ci se précise avec “Overpass”, “Moonlit Ride”, “Life Is (Hard Enough)” et “I Don’t Care For You”, et leurs faux-vrais airs bienvenus de “Refugee” et “American Girl”. Et quand leur généalogie les renvoie à Buddy Holly, c’est en célébrant le talent désormais trop négligé des grands Nick Lowe et Dwight Twilley (les imparables “Heaven Only Knows” et “Hannah”, qui mériteraient de figurer aux génériques des comédies rétro-adolescentes des vingt prochaines années). Ces garçons ne sont plus des perdreaux de l’année (ils officient de concert depuis 2011), mais ils n’en perpétuent pas moins avec une fraîcheur désarmante le flair pop et mélodique de nombre de leurs fameux prédécesseurs. “Ohbahoy”, un album au parfum à la fois suave et suranné de madeleine de Proust, comme un sang neuf irriguant des âmes éprouvées par le temps.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 14th 2020