MILES KANE – Sunlight in the Shadows

Easy Eye Sound
Glam rock
MILES KANE - Sunlight in the Shadows

Miles Kane est un peu le Forrest Gump du British indie rock contemporain. À l’approche de la quarantaine, il affiche en effet un curriculum qui en ferait saliver plus d’un. Cousin cadet de James et Ian Skelly (The Coral), il forma son premier groupe dès ses 18 ans: Little Flames, qui ouvrit, outre The Coral, pour les Zutons, The Dead 60’s et les Arctic Monkeys. On le retrouva trois ans plus tard à la tête de The Rascals, classés espoir 2008 par le défunt NME, mais dont bien peu se souviennent encore. Ses tournées avec les Monkeys fomentèrent toutefois une collaboration dont bénéficièrent The Last Shadow Puppets, puisque Miles et Alex Turner publièrent deux albums remarqués sous cette enseigne, avant que ce dernier ne reprenne sa route au sein de son propre band. Depuis 2010, Kane mène de front carrière solo (cinq albums à ce jour) et collaborations multiples (Lana Del Rey, Lightning Seeds, Gruff Rhys, Imelda May et les frères Skelly, entre autres). Ne nous demandez pas comment cet enfant du Merseyside a pu atterrir à Nashville pour y signer et enregistrer sous la houlette de Dan Auerbach (sans doute un nouvel effet de son côté Zelig), mais toujours est-il que ces deux-là co-signent à présent onze des douze titres du présent opus, avec les contributions respectives de Daniel Tashian (rejeton de Barry, leader en son temps des Remains de Boston), ainsi que de Pat McLaughlin et de Patrick Carney (batteur des Black Keys). “Avec Dan, nous aimons mélanger T.Rex, la Motown et les Easybeats, et ce disque en est le résultat”, confie-t-il en préambule. Aux guitares sévissent encore Barrie Cadogan (Little Barrie, coutumier des studios d’Auerbach), ainsi que Nick Bockrath (Cage The Elephant) et Tom Bukovac. Dès le single “Love Is Cruel” (et sa touche Tarantino meets Marc Bolan), on saisit de quoi il retourne: ces gens se la jouent Tony Visconti au début des seventies, comme le confirme “Electric Flower”, que l’on prendrait aisément pour un outtake du “The Slider” de T.Rex (chœurs des regrettés Howard Kaylan et Marc Volman inclus). Poussant plus avant la touche glam, la plage titulaire, ainsi que “My Love”, “Without You”, “I Pray” et “Sing A Song To Love” n’auraient pas déparé sur la B.O. du film “Born To Boogie” que Ringo Starr consacra en 73 à l’elfe bouclé en veste lamée sur platform boots. Le mambo électrique “Coming Down The Road” persiste dans cette veine, la voix de Miles s’obstinant à s’inscrire dans le timbre si particulier du jadis auto-proclamé Electric Warrior. Sans déserter le même espace-temps, les ballades “Always In Over My Head” et “Walk On The Ocean” (ainsi que le bully “Blue Skies”) résonnent pour leur part comme des inédits de Lennon circa “Mind Games”/ “Walls & Bridges”. Alors que “My Love” et “Without You” ne constituent en rien des covers de titres homonymes datant de la même période, souhaitons que celle, avérée, du “Slow Death” des Flamin’ Groovies puisse amener de nouvelles générations à découvrir l’original (ultime compo Loney-Jordan du line-up initial de ce gang mythique de Frisco). Pour savoureuse et roborative qu’elle s’avère, on doute toutefois que les références de cette reconstitution d’une mode éphémère remontant à plus d’un demi-siècle puissent évoquer grand-chose auprès des moins de quarante ans. Mais puisqu’il est avéré que cette tranche d’âge n’achète de toute façon pratiquement plus de disques physiques, son concept rétro (cf. la photo de son lay-out) n’en est peut-être pas si décalé, après tout. Répétez après moi: “Bolan-pas-mort, Lennon-non-plus” (and long live the Groovies too)!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, October 7th 2025

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