Jazz

Comme la mort se vend bien, la pub a été distillée par les experts du genre, depuis un an environ, par diverses annonces via la presse spécialisée, et le titre “Rubberband (feat. Ledhisi)” balancé via YouTube. Pour autant, faut-il “faire la gueule” à cet album et bouder notre plaisir sur cette galette qui fleure bon les années 80 et qui correspond à l’époque ou Miles Davis quitta le label Columbia pour le label Warner…? On imagine aisément comme il a dû être compliqué pour le grand Miles de choisir entre ces deux projets, “Rubberband” ou “Tutu”, et finalement c’est “Tutu” qui sortira chez Warner.
A quoi s’attendre avec Rubberband…? A des arrangements luxueux, un mixage de très haut niveau, des claviers années 80 fort bien maitrisés qui offrent seulement une légère coloration de l’époque et un Miles Davis en grande forme, qui invite la crème des artistes de l’époque au festin. Comme je vous le disais au début, en invités nous avons Ledhisi, Medina Johnson, Lah Hataway, Randy Hall, et cela fait un bien fou de retrouver tout ce petit monde qui sert un jazz-rock/ fusion/ soul/ funk inclassable et totalement resplendissant. Et à bien y réfléchir, Miles Davis, par cet album, montre une fois de plus sa qualité de visionnaire et de grand rassembleur de talents pour servir son œuvre, unique et admirée à juste titre. Cela nous permet également d’oublier ses derniers concerts où l’on n’avait eu droit qu’à un ou deux “pouet-pouet” de trompette, avec un Miles présent et absent à la fois, le dos tourné au public, avec un show assuré par Joe Zawinul et les autres stars qui l’accompagnait… Je vous parle bien sûr de la de la fin des années 80 et d’un Miles Davis épuisé…
S’il y a un titre à écouter en premier, c’est certainement l’explosif “Give It Up”, puis le très beau “So Emotional”, avec la belle voix de Lalah Hataway et les guitares délirantes de Mike Stern. “Rubberband” est résolument moderne, festif, un album sur lequel il y a beaucoup de choses à apprendre, à entendre, et sur lequel l’auditeur devra revenir de nombreuses fois pour en découvrir toutes les subtilités. La rédaction de Paris-Move et celle de Bayou Blue Radio le classera donc comme un “Indispensable”, en vous recommandant particulièrement la version CD.
Pour la petite histoire, la pochette de ce CD a été dessinée par Miles Davis en personne, car vous ne le savez peut-être pas, mais Miles Davis était aussi peintre, dans ce domaine moins bien intéressant que musicalement, mais tout de même…

Thierry Docmac
Bayou Blue Radio – Paris-Move

PARIS-MOVE, September 7th 2019