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Milan Verbist: un premier album à la croisée des cultures belges.
Milan Verbist, pianiste et compositeur, arrive du petit mais culturellement riche royaume de Belgique avec un premier album qui ressemble moins à un début qu’à la déclaration affirmée d’un artiste dont la voix mûrit depuis longtemps. La Belgique, rappelons-le, n’est pas une seule culture mais trois: une communauté francophone, une petite enclave germanophone et la région néerlandophone de Flandre, d’où est originaire Verbist. Dans ce coin du pays, la musique classique occupe une place particulièrement importante dans le tissu culturel, et l’on retrouve dans le travail de Verbist des échos de Franz Liszt, Erik Satie, Béla Bartók, Bach et bien d’autres, qui semblent ici se mêler à l’exubérance et au swing d’un Oscar Peterson au sommet de sa forme.
Pour ceux qui le découvrent, le plaisir est double: celui de rencontrer non seulement un pianiste talentueux, mais aussi un compositeur de stature véritable, intransigeant dans sa vision et qui n’a pas peur de la complexité. Sa musique peut être à la fois élaborée et imposante, tout en conservant un sens clair du récit et de l’émotion. Un rapide retour sur son parcours permet d’en comprendre les fondements. La musique ne lui a pas seulement été présentée: elle était déjà tissée dans ses premières expériences. Fils du contrebassiste reconnu Piet Verbist, Milan a grandi dans un foyer où le jazz n’était pas seulement joué mais vécu. Dès cinq ans, il commence avec l’accordéon, avant de se tourner, à sept ans, vers le piano, l’instrument qui allait devenir sa véritable voix.
Sa formation débute à la MaGo Academy, où il étudie auprès des pianistes classiques Arthur Vuye et Nicolas Callot. En 2016, il décide de poursuivre ses études secondaires à la De Kunsthumaniora d’Anvers, avec le piano jazz comme instrument principal, et pour mentor Ewout Pierreux durant deux ans. C’est alors qu’il commence à se produire en groupe et à donner des concerts, son langage musical se précisant déjà. Après l’obtention de son diplôme, il intègre le Conservatoire royal d’Anvers sous la direction d’Erik Vermeulen, et y suit l’enseignement de nombreux musiciens belges et internationaux de renom. En juin 2022, il termine ses études avec la plus haute distinction. Aujourd’hui, Verbist est une figure recherchée de la scène anversoise et au-delà, leader de son propre trio et co-leader de plusieurs autres projets. La même année, son groupe Cobalt Trio remporte la deuxième place du concours prestigieux 7 Virtual Jazz Club.
La musique de Verbist a une double nature, à l’image de sa Flandre natale: sombre, profonde et introspective comme un port balayé par la pluie, mais capable d’être lumineuse, rythmée et ensoleillée lorsque les nuages se dissipent. La complexité de son œuvre n’est pas une posture: c’est un héritage culturel. Cet enregistrement marque une nouvelle étape dans une carrière qui semblait promise à un essor fulgurant depuis ses débuts. Les journées rythmées par la vie musicale de son père lui ont offert bien plus qu’une inspiration: une véritable formation en immersion, un apprentissage de la discipline, de l’écoute et de l’art de collaborer. Le résultat est un trio qui joue avec patience mais aussi avec énergie, solidement ancré mais toujours aventureux, et dont la maturité dépasse largement l’âge des musiciens.
S’il est profondément enraciné dans la scène belge, l’art de Verbist dépasse largement les frontières nationales. Parmi ses influences, on retrouve McCoy Tyner, Wynton Kelly, Thelonious Monk, Herbie Hancock, Marcin Wasilewski, Cedar Walton, Bobo Stenson et Keith Jarrett. Il a déjà collaboré avec Lionel Loueke, Jakob Bro, Chris Potter, John Ruocco, Bert Joris et John Bishop. Pour un premier album, choisir la formule exigeante du trio piano-contrebasse-batterie est un pari audacieux, l’équilibre y est notoirement difficile, mais ici, le risque est payant. Si Milan Verbist impressionne fortement, ses partenaires ne le sont pas moins, égaux en audace et en clarté d’expression.
Ce n’est pas l’arrivée d’un simple espoir prometteur, mais celle d’un artiste pleinement accompli, qui porte dans son jeu toute l’ampleur d’un héritage culturel, la rigueur de la formation classique et la curiosité insatiable du jazz. La Belgique est peut-être petite, mais l’horizon musical de Milan Verbist, lui, ne connaît pas de limites.
Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, August 13th 2025
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Musicians :
Milan Verbist – piano
Toon Rumen – double bass
Jens Meijer – drums
Track Listing:
1 Time Change 7:17
2 Bosonossa 7:02
3 No, I Haven’t 6:07
4 Happy House 4:21
5 Brigitte’s Waltz 5:39
6 Sarabande (from BWV 812) 7:26
7 Djeezes 7:00
8 The Silence Between 5:34
9 Flutter Step 7:30
Compositions by Milan Verbist, except: (2) Tomasz Stanko; (4) Ornette Coleman; (6) J.S. Bach; (9) Gary Peacock
Production Info:
Produced by Milan Verbist for Contour vzw
Recorded & mixed by Cyrille Obermüller
Recorded at Rockstar Recordings, Niel, Belgium, on March 5 & 6, 2025
Mastered by Pierre Dozin
Photography by Eddy Westveer
Cover Art: “Wind I” by Laulyt
Cover design & layout by John Bishop