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Qui aurait pu imaginer un jour que les chemins de la pianiste hollandaise Pieternel van Oers et du guitariste chilien Miguel Castro allaient pouvoir se croiser?
D’origine chilienne, Miguel Castro a commencé à étudier la guitare dans divers styles musicaux avant d’intégrer un orchestre de musique New Orléans où il a fait ses premières gammes sur le jazz. Venu en 2008 à Paris pour s’y installer, il a suivi les cours de Romain Pilon à la guitare (dont le premier opus, ‘The Romain Pilon/ David Prez’, sorti en 2005 fut salué comme une ‘révélation’ par Jazz Magazine), avant de rejoindre le conservatoire de Rouen puis de travailler sur le développement du “festival constellation” en partenariat avec Jazz à la Villette. Brillant guitariste et compositeur, Miguel Castro est de ces jazzmen qui ne restent jamais dans les mêmes chemins. Il dirige ainsi ses propres projets artistiques en tant que compositeur avec la sortie de son premier album, ‘Origin’, en 2021, collabore pour le Trio Baleine avec l’album ‘Chant’ sorti en 2022, accompagnant et enregistrant le quatrième album du chanteur franco-haïtien Carlton Rara ainsi que l’album ‘Instant d’après-midi’ de la chanteuse vénézuélienne Eliana Barreto, tout en jouant des standards de jazz avec son ‘Standards Trio’.
Née en 1986, Pieternel van Oers a commencé à étudier le piano classique à 6 ans, au conservatoire aux Pays-Bas. Puis, poussée par sa passion pour la musique improvisée, elle étudie le piano jazz et se produit avec plusieurs formations. Arrivée à Paris en 2012, elle enseigne le piano et poursuit ses études de jazz et de composition au sein de la Bill Evans Piano Academy. Pour Pieternel, la composition lui semble alors une évidence, l’expression d’une grande passion. D’ailleurs un premier prix de composition lui a été décerné pendant le concours les trophées du Sunside Jazzclub en 2021.
Aujourd’hui, Pieternel se produit avec son Pieternel van Oers Trio avec qui elle joue ses propres compositions. Un premier disque, Dialogue, est sorti en mai 2023, et un second opus est en préparation, que Paris-Move vous présentera, bien entendu. Présente également dans une autre formule trio, Pieternel fait partie du Enodia Trio, constitué des musiciennes Moeun Son au violon et Kolia Hiffler-Wittkowsky à la batterie.
Pour ‘East of the Moon’, Pieternel a délaissé la formule du trio pour celle du duo. Sur les 9 compositions proposées ici, Pieternel en signe 5 et en co-signe une avec Miguel. Le duo nous offre un jazz intemporel et épuré. Mélange de sérénité, de délicatesse et d’intensité, les 9 titres interprétés sur cette face de la lune vous procurent un sentiment de sérénité, de mélancolie et de rêve éveillé. L’album alterne les moments forts et les moments infiniment tendres, faisant alterner sourires et larmes, car avec ce duo aucune note ne vous laissera indifférent.
Selon les titres, les deux instruments se retrouvent pour jouer simultanément sur les accords et la mélodie, ou permettre à l’un ou l’autre de s’effacer, pour revenir et enlacer l’autre, comme le ferait un couple d’amoureux. Piano et guitare se livrent à des pas de danse qui se croisent, offrent des envolées sublimes qui vous font toucher des yeux les étoiles de leur firmament musical, quand ils ne vous prennent pas par la main pour vous emmener avec eux sur des chemins de traverse, ces sentiers où l’on peut offrir un baiser en étant caché du regard des autres. Car tout, ici, est tendresse, complicité, désir, sensualité et beauté de l’instant présent.
Avec Pieternel et Miguel, le résultat de cette rencontre que l’on pensait impensable, impossible, est là, avec juste une six cordes et des ivoires. Le son, terriblement chargé en ondes émotionnelles, est pour nous comme un hommage à des générations entières de musiciens de tout genre, tout style, qui interprétaient leurs peines, leurs espoirs, leurs amours, leur désespoir, leurs racines et leurs croyances. D’une simplicité totale, cet album sans prétention et démonstration technique superflue frise la perfection. Le toucher des ivoires vous saisit aux tripes et celui des 6 cordes vous fait plonger dans un univers sans limites, sans frontières, sans contraintes, tout en liberté.
L’album déborde de poésie et de sensibilité. C’est un jazz intimiste, gorgé de feeling, que vous balance le duo avec ce ‘East of the Moon’, le genre de truc qui vous colle au cœur et à l’âme, vous invitant à regarder la lune, cette nuit, en réécoutant en boucle cet album dont on aimerait qu’il ne s’arrête jamais.
Et à la neuvième écoute de cet album, les mots me manquent encore pour décrire le sentiment émotionnel très fort qui émane des neufs titres. Du coup, je m’offre une nouvelle écoute, la dixième, de cet album. Un album rempli d’une tendresse infinie et intense à la fois, envoûtant et sans artifices, où la simplicité est la règle absolue.
Un album convaincant, parfait, essentiel !
Un album magique, magnifique, indispensable !
Sans aucun doute l’un des neufs meilleurs albums de l’année, voire de cette décennie, et qui mériterait une sortie ‘vinyle collector’.
PS : Souhaitons à ce ‘East of the Moon’ de connaître le même succès planétaire d’un autre opus sur cet astre, ‘Dark Side of the Moon’.
Frankie Pfeiffer
Editor in chief – PARIS-MOVE
PARIS-MOVE, November 17th 2024
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