MICK PINI – Way Ahead

House Of Happiness Records
Electro-Blues
MICK PINI - Way Ahead

Né Michele Giovanni Ferrari Pini voici 64 ans à Leicester (de parents immigrés italiens), Mick Pini fit partie de maintes formations du Nord de l’Angleterre (au nombre desquelles des gloires locales du nom de Baby). Ses deux premiers albums (Unamerican Activities en 1988, et Mick Wildman Pini l’année suivante) furent produits par le légendaire Mike Vernon, et figuraient quelques guests de renom, tels que Chris Youlden, Adrian Burns ou Paul Jones. Établi en Allemagne depuis 1997, il a publié près de 25 LPs à ce jour, dont le dernier, Backtrack en 2021, constituait une sorte de “Best Of”. Confiné en studio durant la récente pandémie, il s’y est acoquiné avec un autre expatrié en Germanie, le guitariste, bassiste et producteur anglais Craig Marshall, et tous deux nous proposent ici le fruit de leur collaboration, où se côtoient travail numérique et démarche organique. Avec son funky beat, sa basse en avant et ses cuivres digitaux, l’instrumental “Head North” qui ouvre le ban est caractéristique de cette approche. Démarqué de la composition homonyme de Little Walter Jacobs (auquel Pete Feenstra preste de nouveaux lyrics), “Last Night” en offre une relecture à mi-chemin de Chris Dreja et du Peter Green solo de “Little Dreamer”. Avec leur basse, violons et cuivres programmés sur synthétiseur, leur beat box rudimentaire et ces chœurs féminins traités au vocoder, “Light Don’t Shine” (où le spoken word hiératique de Mick se juxtapose à un harmonica spectral et quelques licks de guitare vaporeuse) et le discoïsant “Make Me Believe” (façon Giorgio Moroder) poussent l’expérimentation jusqu’aux limites de la complaisance. Avec ses vocaux rocailleux, son harmo toujours aussi hanté, son Hills Country feel et son beat lancinant, “Movin’ On” donne l’impression d’entendre Howlin’ Wolf remixé par Fat Possum (ou plutôt Boo Boo Davis par Jan Mittendorp). “New Blues” renoue avec le funk synthétique, et la guitare de Mick y emprunte autant à Larry Carlton qu’à George Benson, tandis que l’harmonica tente de contenir une beatbox décidément bien mécanique. On songe à certaines expériences du même cru menées par l’harmoniciste anglais Alan Glen, mais ces amuseries de console finissent par se mordre la queue. Avec son Louisiana rhythm pattern, ses chœurs gospel féminins et sa section de cuivres, “Nowadays” donne une idée de ce qu’Allen Toussaint aurait pu tenter s’il s’était familiarisé à l’ère numérique, et le paresseusement lascif  “Papa Voodoo” se nimbe de wah-wah réverbérée, de percussions chaloupées et d’un orgue churchy à souhait: du Hendrix relax et aérien en somme (et une curiosité en soi). “Problems”, “Time After Time” et “Trouble” poursuivent (mais avec moins de bonheur encore) la même salade niçoise, mêlant cuivres numériques, chœurs féminins et licks de six-cordes électrifiées tour à tour délicates et saturées, tandis que Mick y marmonne d’approximatifs lieux communs. Sur un riff de contrebasse et avec un piano délicat, le languide “Shadows” renoue avec la ligne de Chris Rea. S’il n’était ce pénible beat et ces faux cuivres générés par computer, ce serait sans doute le titre le plus convaincant de cette livraison. En résumé, voici un album certes sympathique, mais à l’écoute duquel l’amateur de blues peinera quelque peu à trouver ses repères.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 20th 2023

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