MICHEL POLNAREFF – POLNAREFF A TOKIO

Barclay / Universal
MICHEL POLNAREFF - POLNAREFF A TOKIO

Quitte à passer pour un Schnock (remarquable périodique au demeurant), je l’énonce d’emblée: les moins de cinquante ans ne peuvent pas imaginer quel OVNI représentait Michel Polnareff dans la France de Pompidou. Avec mon copain Jean-Jacques, on s’étouffait de rire dans le quartier, à le voir ainsi montrer son cul à tous les passants sur l’affiche de son spectacle “PolnaRévolution”. C’était la grande affaire dans cet Hexagone vers lequel se profilaient pourtant déjà les ondes du premier choc pétrolier (“En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées”, n’allait pas tarder à ânonner la comm’ institutonnelle). En attendant, ce clône de Roger Daltrey (pour les bouclettes) mâtiné de Roy Orbison (le falsetto et les lunettes) achevait d’incarner dans la culture jeune (on disait alors pop music) le spectre des pires déviances dont l’Église, les parents et l’enseignement privé prétendaient encore vouloir préserver nos chères têtes blondes. À l’affût comme toujours des propositions occidentales les plus transgressives, le Japon lui réserva à son tour un triomphe, lors d’une tournée qui s’y déroula à l’automne 72. Pas encore si fou qu’on le prétendait alors, Michel Polnareff avait pris le soin d’amener dans ses bagages Dynastie Crisis, groupe parisien qui l’accompagnait déjà lors de son spectacle “PolnaRévolution” en octobre de la même année. Parmi les leaders de la scène “pop” française d’alors (avec Triangle, Martin Circus et les Variations), cette formation menait en parallèle une prometteuse carrière discographique (trois LPs entre 1970 et 1973). Édité à l’origine au Pays du Soleil Levant (et à destination prioritaire de ce marché, ce qui explique sans doute la coquille orthographique de son titre), ce 33 tours reparaît donc dans son format initial, à l’occasion de son cinquantenaire. Tout en présentant sept doublons avec le “Live À L’Olympia” capté un mois plus tôt, ce live irréprochable (et garanti sans retouches) propose en bonus les reprises échevelées du “Great Balls Of Fire” du regretté Killer, et du “Jenny Jenny” de Little Richard (avec méchant chorus de guitare de Jacques Mercier à la clé). En son cristal clear (au regard des conditions techniques d’alors), c’est un plaisir ineffable que d’entendre l’Amiral face à une foule débridée (oups) qui lui rendait manifestement toute sa ferveur.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 17th 2022

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POLNAREFF A TOKIO Tracklisting:
Le Bal Des Laze
Hey You Woman
Tous Les Bateaux, Tous Les Oiseaux
Je Cherche Un Job
Qui A Tué Grand Maman ?
Ca N’Arrive Qu’Aux Autres
Tout, Tout Pour Ma Chérie
Holidays
Trumpet
Love Me, Please Love Me
Great Balls Of Fire
Jenny Jenny