MICHAEL McDERMOTT – St. Paul’s Boulevard

Pauper Sky Records
Americana
MICHAEL McDERMOTT - St. Paul's Boulevard

Même si le rayonnement de son étoile n’a franchi l’Atlantique qu’auprès d’une frange ténue de scrutateurs avisés, Michael McDermott n’est à proprement parler ni un nouveau venu, ni n’importe qui. Célébré à l’orée des nineties en tant qu’espoir majeur de la scène Americana (et ce dès sa première sortie, “620 W. Surf”), il s’est cramponné à sa muse en dépit d’un succès d’estime tardant toujours à se confirmer, une bonne vingtaine de LPs plus tard. Et ce n’est pas faute d’appréciation critique (Rolling Stone, le New-York Times, le Washington Post et CNN le portent régulièrement aux nues, tandis que l’écrivain à succès Stephen King l’a même un jour dépeint comme “le plus brillant talent méconnu du rock n’ roll ces vingt dernières années”). Pas homme à se décourager, Michael persiste et signe en délivrant cette fois un authentique concept album, proposant pour unité de lieu une artère urbaine de fiction, où se déploie en quinze vignettes son lien narratif. Ce “St. Paul’s Boulevard” est en effet le théâtre où se croisent et se confrontent les destins d’une ménagerie humaine où chacun reconnaîtra peu ou prou ses propres péripéties. La seule mention au casting de ces sessions de Will Kimbrough (producteur à succès, notamment auprès de Shemekia Copeland, et officiant ici aux guitares, banjo et mandoline) en dit long sur le statut dont jouit McDermott parmi la scène AOR actuelle. Car dès “Where The Light Gets In” et “Our Little Secret”, on réalise que l’on se trouve en présence d’un talent de la trempe de ceux de Guy Forsyth (“Paris”), Peter Case (“All That We Have Lost”, “Peace, Love And Brilliant Colors”) et John Hiatt (“Dead By Dawn”), ou encore des regrettés Warren Zevon et Jimmy Lafave: même lyrisme savamment dosé dans les arrangements, équivalente ferveur du chant et surtout, maîtrise consommée de l’alliage subtil entre mélodies catchy et lyrics aussi pertinents qu’inspirés. Des hymnes tels que “Sick Of This Town” et “Marlowe” (hommage à Chandler), ou de poignantes suppliques comme “The Arsonist”, “New Year’s Day”, “Meet Me Halfway” et la valse titulaire ne démentent en rien ces comparaisons, qui desserviraient pourtant des talents moins aguerris. On croirait parfois ouïr le jeune Springsteen (“The Outer Drive”) ou Tom Petty (“Pack The Car”), voire des Eagles avec un surplus de testostérone (et quelques neurones en sus)… L’équivalent américain tardif du Costello de “Almost Blue” et du Nick Lowe de “Cowboy Outfit”, en somme. Bienvenue au club des convertis!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 15th 2022

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