MICHAEL JEROME BROWNE – Gettin’ Together

Borealis Records / Stony Plain
Folk-Blues
MICHAEL JEROME BROWNE - Gettin' Together

Né en 1960 à South Bend, dans l’Indiana, de parents professeurs d’anglais passionnés de poésie et de musique, Michael Jerome Browne déménagea avec eux pour Montréal, dont il eut le privilège de fréquenter tout jeune les clubs jazz, blues et folk. Devenu en grandissant un multi-instrumentiste de renom sur quasiment tout ce que les roots musics américaines peuvent proposer comportant des cordes tendues sur un manche et une caisse de résonance (du dobro au banjo, en passant par la mandoline, ainsi que les guitares 12 cordes, à résonateur, et autres spécimen tenor et barytone), il est bardé de prix et de nominations dans son pays d’adoption, ainsi que dans celui dont il est natif. Artiste Solo de l’année en 2002 et 2008, Chanteur Traditionnel de l’année en 2015 aux Prix de Musique Folk Canadienne, lauréat du Prix “Blues With A Feeling” aux Maple Blues Awards 2020 (où il fut nominé à pas moins de 35 reprises depuis 1999) et finaliste dans la catégorie “New Folk” en 2012 au Festival de Kerrville au Texas, il est aussi réputé pour ses collaborations avec d’autres artistes (notamment Eric Bibb, dont il co-produisit en 2017 l’album “Migration Blues”, aux côté de Jean-Jacques Milteau). Considéré par ses pairs comme une encyclopédie vivante du folk-blues, Michael Jerome Browne a sévèrement pâti du confinement qui l’a contraint à restreindre drastiquement ses activités musicales, et le titre de cet album traduit donc son bonheur d’un retour aux affaires. “To get together” peut en effet revêtir en anglais deux significations (ici complémentaires): se ressaisir, ou encore se remettre ensemble, et c’est précisément ce à quoi s’emploie Michael Jerome Browne au fil des 14 plages qui le constituent, puisqu’on y distingue pas moins de dix musiciens invités. Eric Bibb et Jean-Jacques Milteau recomposent avec lui le trio gagnant de “Migration Blues” pour une cover du “Shake ‘Em On Down” de Bukka White, tandis que les deux reprises du grand Mississippi John Hurt, “Monday Morning Blues” et “Coffee Blues”, le voient accueillir respectivement Harrison Kennedy et le mythique John Sebastian (tous deux à l’harmonica). Son amie chanteuse et guitariste Mary Flower contribue à cinq titres (à commencer par la splendide transposition ragtime de l’instrumental “I’ve Got The Big River Blues” des Delmore Brothers, où elle étincelle à la lap slide, et sa contribution au chant et aux six cordes sur “Coffee Blues”). Le grand Colin Linden passe tricoter en duo sur le traditionnel “Ham Hound Crave”, avant la savoureuse adaptation swing du “Please Help” de JB Hutto, seule plage pour laquelle Michael Jerome s’octroie une section rythmique (contrebasse et balais). Il échange ensuite avec le violoniste Teilhard Frost, sur une jubilatoire relecture appalachienne du “Fixin’ To Die Blues” de Bukka White (qui n’aurait pas déparé la B.O. du “O’ Brother” des frères Coen), avant l’instrumental “Reverend Strut” (seule composition de sa plume), qu’il exécute seul sur l’historique banjo à six cordes du regretté Reverend Gary Davis (l’instrument est en effet conservé à Montréal). Écrit (et enregistré) en 1936 par le pianiste de Houston Harold Holiday (se produisant alors sous le sobriquet de Black Boy Shine), “Married Man Blues” et le “Black Dog Blues”  de Bayless Rose présentent à nouveau Michael Jerome Browne en compagnie de la lap-slider Mary Flower, et ces transpositions à deux guitares et voix rappellent la geste du grand (et non moins regretté) Bob Brozman pour la première, et celle de Jorma Kaukonen pour la seconde. Composition de Peetie Wheatstraw, “Six Weeks Old Blues” ramène l’harmonica de Harrison Kennedy auprès de la guitare et du chant de Browne, avant que Mary Flower ne le remplace à ses côtés pour son propre instrumental ragtime “Wisecrack” (à nouveau dans la veine Piedmont de Hot Tuna). Le violon de Teilhard Frost reprend ensuite du service, pour une version de l’antique “Diamond Joe” qu’écrivit en prison un certain Big Charlie Butler (et dont l’ethno-folkloriste John A. Lomax capta l’enregistrement sur place), avant que les vétérans John Sebastian et Happy Traum ne se joignent à Michael Jerome pour une convaincante version du “Living With The Blues” de Sonny Terry et Brownie McGhee. Tout amateur sincère de musiques acoustiques américaines ne pourra que se réjouir à l’écoute d’un tel album, aussi exigeant que roboratif.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 4th 2023

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