Jazz

Le contrebassiste Michael Feinberg fait référence a l’utilisation de la contrebasse chez Duke Ellington “en arrière-plan”. Pour les comparaisons je m’arrêterai là, car on se laisse totalement envouter par cet album aux inspirations diverses incorporant des thématiques que les musiciens sauront reconnaitre, des variations qui rappellent autant certains titres de Miles que d’autre artistes, et à prendre donc comme un hommage soigné aux artistes qui ont donné son titre de noblesse au jazz.
Tout au long de Blues Variant – qui comprend six originaux de Feinberg, un de saxophoniste ténor Noah Preminger et un de pianiste Leo Genovese – le maître de la basse de 35 ans adhère à la maxime: “Si vous voulez m’entendre en solo, venez à un concert, où je joue souvent un solo sur chaque morceau.”
“Je sers la musique”, poursuit Feinberg. “Ce que j’apprécie chez un bassiste, c’est la façon dont il fait sonner les autres membres du groupe. J’aime entendre les capacités solistes de Christian McBride, John Patitucci, Dave Holland et les gens que j’idolâtre, mais ils sont incroyables parce que, quand ils jouent, cela procure une sensation incroyable et ils poussent leurs partenaires de groupe à être les meilleures versions d’eux-mêmes ou à dépasser ce qu’ils pensent pouvoir faire.”
On comprend ainsi de suite où Feinberg se place, et cet album sonne comme familier dès le début, car cet artiste a un savoir-faire des plus intelligents qui offre à la fois une forme rythmique particulière et une musicalité sur laquelle tous les autres artistes ne manquent pas de s’appuyer.
Comme autre exemple, Feinberg mentionne Jimmy Garrison, qui triangulait entre McCoy Tyner et Elvin Jones avec le Quartet de John Coltrane “spirituellement transcendant” entre 1961 et 1965. “Il joue rarement un solo, mais vous n’obtenez pas le quartet de Coltrane avec quelqu’un d’autre. Donc, je ne me soucie pas des solos, ou d’être en haut du mix pour indiquer que ‘c’est un disque de bassiste’. Je joue beaucoup de notes. Je joue tout le temps. On ne peut pas le manquer.”
A n’en pas douter, cet album fera date et vous profiterez d’un solo de contrebasse très inspiré sur le titre “Leslie”, parfaitement maitrisé sur un temps qui permet de ressentir la délicatesse de Michael Feinberg. Notons que son style est vraiment remarquable, il offre une musique très bavarde laissant peu de place au silence, ce qui risque d’en effrayer certains (et c’est la raison pour laquelle je classerai cet album seulement en “Coup de cœur”), mais pour les autres le plaisir sera réel, intense.

Thierry De Clemensat
Correspondent in USA
Bayou Blue News – Bayou Blue Radio – Paris-Move

PARIS-MOVE, April 17th 2023

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Site internet de Michael Feinberg