MEGADETH – The World Needs A Hero

Sanctuary / BMG
Metal

15 mai 2001 : après le pari risqué (et perdu) de l’ouverture au metal grand public sur l’album Risk (1999), Megadeth quitte la maison Capitol et sort son neuvième album, plus musclé, chez Sanctuary. Le single clippé “Moto Psycho” témoigne alors d’une certaine volonté de battre sa coulpe et retourner aux fondamentaux. “Return To Hangar”, suite du l’insurpassable “Hanger 18” (les deux sont exécutés à la chaine dans le live Rude Awakening de 2002), est prétexte à une joute guitaristique entre Dave Mustaine et Al Pitrelli. Ce dernier, au style pas si éloigné de son prédécesseur Marty Friedman, réintègrera Savatage en 2002. Le clin d’œil très appuyé de “When” au “Am I Evil” de Diamond Head (popularisé par Metallica) est l’unique ancrage NWOBHM/ punk de l’album, qui ne tire pas un trait sur les power ballades édulcorées, comme “Promises”, superbement portée par les cordes de Suzie Katayama (Avenged Sevenfold, Guns N’ Roses, Muse). Visuellement, Hugh Syme orchestre le grand retour de la mascotte Vic Rattlehead dans la carcasse encore chaude de Mustaine… qui disparait sur cette réédition BMG du 15 février 2019 (cf. le slipcase de l’édition CD limitée de 2001). Mais l’artwork original est repris à l’intérieur de la pochette gatefold du double LP 180 grammes, pour mémoire. Et puisque qu’on ne cesse de dévaluer la musique numérique – streamée ou téléchargée – par l’immédiateté avec laquelle on y accède, intéressons-nous auxdits vinyles. Auxquels les vrais hipsters et faux mélomanes prêtent de multiples avantages, souvent à tort et en des termes ésotériques. Petit rappel: un mastering est nécessaire pour adapter le mix aux contraintes du support vinyle dans la restitution des fréquences extrêmes, sachant que la bande passante de l’oreille humaine s’étend en moyenne de 20 à 20.000 Hz. Ainsi, les graves sont atténués pour éviter que les ondulations de deux sillons voisins ne se chevauchent, et les aigus sont renforcés pour qu’ils ne se perdent pas dans le bruit de fond. Ce travail de rééquilibrage a-t-il été scrupuleusement réalisé par l’ingénieur du son Ted Jensen? Le verdict du blind-test sur l’équipement “tout transistor” et donc transparent platine Technics SL 1210 Mk II (cellule Shure)/ ampli Advance Acoustic Max 450/ enceintes Wharfedale Emerald 97 Mk IV est sans appel. Sur une base appauvrie en dynamique et image stéréo, la voix de Dave Mustaine est sujette à scintillement et la persistance des cymbales de Jimmy DeGrasso passablement écourtée.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’ + CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVEROCK & FOLK