Folk

Tandis que nous découvrîmes Mary James l’an dernier par le truchement de la bande-son revendiquée d’un roman de sa propre mère, Jean, elle nous délivre cette année ses prévisions météo, et celles-ci ne s’avèrent pas gaies. Alors que la plupart des scientifiques déplorent un réchauffement généralisé, Mary nous prédit par contre un rude hiver. Est-ce un effet de la maturité, ou le spleen ambiant de cette nouvelle galette emprunte-t-il à des sources plus intimes? Toujours est-il qu’aux galops de naguère (à l’exception notoire de “Dark Woods”, Quoth The Mockingbird” et du ragtime-swing “Friend I Never Had”) se substituent ici de sombres ballades folk mélancoliques (les lancinants “Cold (House By The Sea)”, “I Fell Into The Night”, “Rainy Day”, ou encore “Snow Falling”). Si son jeu de banjo demeure toujours aussi étincelant, et si le gang James persiste à lui apporter son soutien (son frère Frank à la 12 cordes, et sa mère Jean qui co-signe sept de ces 11 originaux), MEAN MARY semble aspirer ici à un songwriting plus classique. Son chant ne s’en trouve que plus profond et modulé encore, et l’on tend à se remémorer les premiers frissons que nous procurèrent les débuts discographique de Joan Baez (“Sad November Breeze”), comme ceux (plus récents) que suscitent de nos jours encore des artistes telles que Mary Gauthier et Lucinda Williams. Mary dispense tout de même quelques lumineuses perspectives d’espoir (“April In December” et “Sparrow”, entre le Jorma Kaukonen acoustique des seventies et Tracy Chapman). Quand une jeune virtuose des instruments à cordes (violon inclus) se révèle en outre une compositrice-interprète de premier ordre, nous ne pouvons que sonner l’alerte: attention, talent majeur!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 4th 2019

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