MAZINGO – Hey You

Le Backbeat
Country Blues, Funk, Garage
MAZINGO - Hey You

Trio franco-américain basé en Bretagne, Mazingo a officialisé son acte de naissance en 2020 par la publication d’un EP, suivi d’un premier album deux ans plus tard (“Soleil Noir”). Avec déjà plus de 150 dates au compteur (au national comme à l’étranger), il reviennent cette fois avec une belle douzaine, non pas d’huitres de Quiberon, mais d’originaux de leur cru. La plage éponyme introductive plante un décor néo-western: banjo, harmonica, contrebasse et chant choral sur beat de cheval des Appalaches, pas de doute, on y navigue entre “O’ Brother” et “Mon Nom Est Personne”! Est-ce du blues, de la country ou du bluegrass? Peu importe, mais il est probable qu’on se situe de toute façon dessous la Dixie Line, comme en atteste “One Poor Teardrop”. Sur un riff réminiscent de celui du “Call Me The Breeze” de J.J. Cale, nos trois larrons dégoisent sans desseller un Hammond B3 tellement vintage que même Charlie Oleg y aurait peut-être trouvé à regimber. Par contre, “Boxed Up” renvoie directement au Tom Waits de “Bone Machine”, percus vaudou, slide enfiévrée et éructations fauves incluses. En dépit de ses “hou-houuu” façon “Sympathy For The Devil”, “Funambule” n’en demeure pas moins un country blues chanté en français, tandis qu'”In The Light” s’avère une-soul-ballad surannément rétro et lascivement chaloupée. Avec son Farfisa au désuet parfum proto-Seeds, “City Never Sleeps” n’aurait pas déparé le lointain “Walking Shadows” de leurs regrettés voisins normands, les Dogs de Christophe Laboubée. Même echo-delay cotonneux sur twisting beat buté: un bienvenu pas de côté hors de l’orthodoxie, en somme. Et quitte à emprunter les chemins de traverse, “What’s The Use” mêle funky groove et fulgurant solo électrique psycho, avant que “Gone To Stay” ne s’engage dans la voie de garage d’un Gun Club sauvage, urgent et désarticulé (pléonasme?). “Can’t Do Right” évoque les rock-ballads du Garland Jeffreys d’il y a un demi-siècle: du Tom Petty les doigts dans le cambouis, du Willie Loco Alexander en mode swamp ou du Tony Joe White urbain, selon vos obédiences. Retour en terreau bluesy sudiste avec “Six Pieds Sous Terre”, dont même en tendant l’oreille, je ne comprends pas un quart des mots (à croire qu’ils furent eux aussi enregistrés sous l’humus). Rien de grave, puisqu’une slide brûlante en assure les sous-titres. Sur un arpège répétitif et entêtant, “She’s Gone” s’enroule comme une liane autour de chœurs nimbés de reverb psychédélique, avant que le claudiquant “The Run” ne ferme le ban en douceur, dans un esprit voisin de celui du “Waiting On A Friend” des Stones. Moralité: un album dont l’éclectisme assumé ne dessert en rien la cohérence… À découvrir, assurément!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, July 18th 2024

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