| Jazz |
Âgé de 23 ans seulement (et aveugle de naissance), l’organiste Matthew Whitaker en est déjà à son quatrième album depuis 2017. Pour celui-ci, il a choisi de rendre hommage à certains de ses modèles, au premier rang desquels les regrettés Dr. Lonnie Smith (qui l’appelait “son petit-fils“), Joey DeFrancesco et Jimmy Smith. S’ouvrant sur le “Organ Grinder’s Swing” dont ce dernier avait fait son cheval de bataille, cet album mobilise une douzaine d’instrumentistes (dont huit cuivres). C’est avec bonheur que l’on retrouve intact ce vintage groove dont Smith et certains de ses émules (de Jimmy McGriff à Graham Bond, Brian Auger et Georgie Fame) irradièrent les nuits beat et mod des sixties. L’excellent guitariste Marcos Robinson se voit certes concéder quelques cinglants billets de sortie, mais c’est bien à l’instrument à pédales et cabine Leslie que revient la part du lion, tandis que les arrangements de cuivres se trouvent à l’honneur pour la reprise du “Happy Cause I’m Goin’ Home” de Chicago (via Robert Lamm). C’est sur un effréné rythme bossa que Matthew délivre ensuite la première de ses propres compositions, “Yessaah”, donnant l’impression d’y ouïr un outtake du fameux “The Heatin’ System” de Brother Jack McDuff. On entre ensuite en territoire gospel, d’abord avec une version toute en finesse du “Pilgrimage” de Lonnie Smith, puis de plain pied avec le “Expect Your Miracle” d’Elbernita Clark Terrell (auquel contribuent les clappeurs de la New Hope Baptist Church). Plus ouvertement bop, le “In The Key Of The Universe” de DeFrancesco établit la transition, avant que Matthew ne conclue sur son propre “Don’t Count Me Out”, abordant les rives funky d’un Branford Marsalis.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, July 28th 2024
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