| Americana |
Singer-songwriter d’Alberta (bled rural au nord du Canada), Matt Patershuk célèbre autant qu’il les outrepasse les canons d’une country bon teint. Produit (comme chacun de ses prédécesseurs) par le sorcier des cordes Steve Dawson, son cinquième album confirme le talent d’un auteur-compositeur de premier rang. Entre John Hiatt et Elvis Costello, sa verve narrative s’y épanche au fil de vignettes aussi délicates que “Johanna” (traitant d’un amour perdu, dont il se prend à souhaiter qu’il ne le soit toutefois pas pour tout le monde), “Jupiter The Flying Horse” (relatant les amours contrariées d’une attraction de cirque) et le languide “Upright”, tandis que les cotonneux “Sunny”, “Turn The Radio Up”, “Afraid To Speak Her Name” et “1,3 Miles” se hissent au niveau du Neil Young de “On The Beach”, ainsi que du Van Morrison de “Tupelo Honey” et “Saint Dominic’s Preview” (avec leur glockenspiel, les balais de Gary Craig et les dentelles de six cordes qu’y tisse Dawson). Seules timides incursions vers la country “orthodoxe”, le three steps fourbu “Stay With me” et le tex-mex bluegrass “The Second Law Of Thermodynamics” (ce titre !) n’en oblitèrent pas pour autant cet album, aussi cosy en apparence que foncièrement iconoclaste sur le fond. Des instant classics tels que “Clever Hans” et “Shane McGowan” (dédié au leader alcoolique et édenté des Pogues) tutoient les cimes qu’arpentaient naguère des géants tels que Townes Van Zandt, John Prine et Mickey Newbury. Un disque qui vous fera de l’usage, et dont les bénéfices seront en outre intégralement reversés à la Horse Lake First Nation School.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, September 28th 2021
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