Blues

Album de la maturité ou album de la consécration…? Difficile à dire, tant le talent de Mathieu Pesqué s’impose et en impose de plus en plus après chaque sortie d’albums. Première grosse baffe dès le premier morceau de ce nouvel opus, un instrumental assez court mais d’une énergie et d’une beauté à couper le souffle. Comme si le lascar avait voulu couper d’entrée le cordon ombilical qui le lie à ce folk-blues qui coule dans ses veines. Mais dès le second titre, ‘Like The Leaves’, on retrouve ‘la’ voix qui charme, envoûte, captive, et cette guitare qui enveloppe le tout dans un écrin voluptueux. Qu’il semble déjà loin, le temps où Mathieu remportait le Tremplin de Blues sur Seine (2007), tant le garçon a gagné en maturité et en générosité dans ses chansons. Le second titre est à lui seul un modèle de ce que le talent est capable de forger. ‘MyLove, My Life, My Sweet’ aurait pu être signé par les Bob Dylan ou Neil Young de la plus belle époque, sans hésiter. Et le pire (ou le mieux, c’est selon), est que la suite de l’album est du même calibre. Mathieu a dans la voix et dans les doigts cette magie des troubadours qui vous font monter les larmes et vous serrer le coeur, vous faire dessiner le plus beau sourire et vous faire scintiller des étoiles dans les yeux. Treize pépites vous sont ainsi offertes, dont trois instrumentaux, et très sincèrement, on aurait aimé que l’opus en contienne plus encore. Il est pour quand, le double album, Mathieu…? Sûrement lorsque le soleil aura tellement illuminé les chansons du jeune homme qu’il ne pourra plus les garder pour lui et qu’il se sentira obligé de nous les faire partager.
Pinçant ses cordes ou jouant en slide, Mathieu a encore enrichi son jeu de guitariste, comme il nous le propose sur ce superbe second instrumental intitulé ‘Homebound’. Et comment ne pas écouter et réécouter sans fin ce sublime ‘Favourite Lines’ dont le Loner aurait sans doute aimé signer la musique, et les paroles aussi. Côté voix, je sais que le loustic a fait fondre Nathalie Harrap, rédactrice au magazine anglais Blues Matters, qui l’a classé parmi les trois meilleurs chanteurs français chantant en anglais, c’est dire. Et comme je vous l’avais signalé une première fois, ‘l’animal a non seulement le talent d’auteur-compositeur, mais il a aussi cette patte, cette griffe qui fait la différence’ (chronique de ‘Nightbirds’). Une griffe qui en fait déjà l’une des références des chanteurs français. Reste aux grands médias à faire leur boulot et à le faire connaître, car le garçon mérite sans contestation possible ‘la’ consécration. J’en connais peu qui savent faire monter les larmes et faire sourire à la fois, et Mathieu Pesqué est de ceux-là.
Indispensable, vraiment indispensable!

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