Blues |
Le jeune homme avait frappé un grand coup, d’entrée, avec son premier album, ‘A Secret Garden’ (noté ‘Coup de Cœur’ par l’ensemble de la rédaction de Paris-Move), suivi d’un opus réalisé en duo avec l’harmoniciste Roll Pignault, ‘ Blues Bound’, et qui avait, lui aussi, obtenu les honneurs de la presse blues.
Mathieu Pesqué nous revient, cette fois, avec un second album solo alignant douze compos signées par ce qu’il faut bien qualifier de véritable song writer français, même si le lascar écrit et chante en anglais. Ceci dit, et à l’instar du premier album solo, ‘A Secret Garden’, il faut souligner d’entrée le talent d’écriture et la qualité du chant de ce frenchy qui pourrait servir de modèle, ou de prof, à bien des chanteurs français qui ne cessent de massacrer la langue de Shakespeare. Combien de fois devrons-nous dire encore qu’il vaut mieux bien chanter en français que de balancer en anglais en ignorant tout de l’intonation ou sans savoir où et comment prononcer les mots.
Avec Mathieu Pesqué, nous avons non seulement un auteur-compositeur de classe internationale, mais également un chanteur qui peut côtoyer sans gêne aucune des chanteurs tels Paul Cox, Sean Taylor ou Neil Young. Car l’animal a non seulement le talent d’auteur-compositeur, mais il a aussi cette patte, cette griffe qui fait la différence. Ecoutez simplement ‘Almots Gone’, onzième titre de cette galette et vous en tomberez sur le cul rien que par les quelques secondes d’intro. Tout y est, TOUT, en droite ligne du ‘Loner’. Et tout le morceau est de la même veine, sensationnelle, comme s’il avait été signé Neil Young, tout simplement.
Les guitares, le rythme, la batterie, les cymbales, tout aurait pu être signé Neil Young et cela vous colle des frissons énormes. Enormes!
Bien sûr que lorsque Mathieu chante, ce n’est pas la voix de Neil Young que l’on entend, mais le mec a incontestablement de l’oreille, et son anglais coule de source, comme s’il ne pouvait y avoir qu’un seul autre ‘Loner’, et français. Lui!
‘Almots Gone’, un titre qui mérite à lui seul l’achat de cet opus que vous rangerez dans votre CD-thèque tout juste contre les albums du ‘Loner’, quitte à en éloigner quelques autres.
Les douze titres de cet album ne sonnent pas tous comme ce phénoménal ‘Almost Gone’, bien sûr et heureusement, mais tous sont imprégnés de cette authenticité et de cette sincérité qui jaillissent de chaque note, chaque parole chantée par Mathieu Pesqué.
Quelques titres vous feront même couler une petite larme, surtout si les paroles vous touchent comme elles m’ont touché. C’est ‘Babylon’ qui vous serre le cœur, ‘Favorite Clown’ qui vous fait sourire, et ‘Reasons’ qui vous noue les tripes. Entre ces morceaux d’émotion pure, vous pousserez les meubles sur le très rythmé ‘Nightbird’, mais ne vous attendez pas à un truc dansant car Mathieu Pesqué est de ces artistes qui vous ouvrent leur cœur et leur âme pour mieux vous les offrir en chansons. En toute intimité.
Les arrangements sont parfaits et les musiciens d’une présence et d’une discrétion naturelles, s’effaçant ou revenant au premier plan quand il le faut, à la manière des compos et des arrangements du Neil Young de la meilleure période, celle de ‘Cowgirl in the Sand’ et ‘Cinnamon Girl’, alors que Danny Whitten à la guitare, Billy Talbot à la basse et Ralph Molina à la batterie venaient de le rejoindre en tant que Crazy Horse.
Et qu’ils aillent au diable, les blueseux grincheux qui diront que le Mathieu a vendu son âme au diable en penchant plus vers de la pop que vers du blues pur et dur! Qu’il reste sur sa route, le Mathieu, car cette route est belle, droite, et elle mène vers le soleil le plus radieux qui soit: celui de la reconnaissance. La reconnaissance du talent époustouflant d’un loup solitaire qui n’a nul besoin de meute. D’un ‘Loner’, tout simplement.
Respect, Monsieur !
Paris-Move, Blues Magazine (Fr), Blues Matters (UK), Classic Rock (UK), Blues Blast Magazine (USA), BluesWax (USA)