MATHIAS LATTIN – Up Next

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Blues
MATHIAS LATTIN - Up Next

À peine âgé de vingt ans, ce natif de Houston, Texas, semble d’ores et déjà appelé à faire grand bruit sur la scène blues internationale. Petit fils de la star du basket David “Big Daddy” Lattin (dont le maillot orne la pochette intérieure de cet album), Mathias vient en effet de remporter simultanément la première place dans la catégorie de guitariste de l’année, et celle de meilleur groupe, lors de la dernière édition de l’International Blues Challenge de Memphis. Pour sa toute première livraison discographique, il propose huit compositions de son cru, dont il ajoute une version live en coda. Dès “Who’s Been Loving On You”, le contraste entre son timbre vocal encore juvénile et son jeu définitivement mature saute aux tympans. Avec la rondeur d’une basse qu’il assure lui-même sur ce titre et l’orgue sinueux de Shawn Allen, ce mid-tempo shuffle est l’occasion d’établir le climat smooth et jazzy qui prédomine au fil de cette galette (dont il assure en outre la production). Pour se faire une idée de l’inventivité du garçon, on peut se souvenir de Rick Derringer sur le “Chain Lightning” de Steely Dan : c’est à peu près la même fulgurance dans un gant de velours. Citant malicieusement le thême de la Panthère Rose sur son intro, le single “Lose Some Weight” repose également sur le Hammond B3 (cette fois actionné par Andrew Douglas), et les licks de guitare y évoquent cette fois Larry Carlton, tandis que sur le shuffle “Can’t Stop Feeling”, on croirait entendre Dean Parks et Hugh McCracken, et que les riffs de cuivres exéculés au synthé y remémorent les tourneries de Donald Fagen: décidément, ce jeune Mathias est un fan manifeste du Dan! Et aussi sans doute du regretté Johnny Guitar Watson peut-on s’empresser d’ajouter, à l’écoute de “You Know This Won’t Do” (dans  la veine du “Gangster Of Love” de ce dernier). Comme pour en souligner la ligne vintage, le craquement oublié d’un vinyle se fait entendre au début du Chicago shuffle (the Jimmy Reed way) “You Don’t Love Me No More”, avant que “Tried So Hard” ne nous transporte quelques décennies plus tard, à l’âge d’or d’un certain yacht-rock dont Kenny Loggins et Michael Franks surent tirer parti (nouveau solo d’anthologie chez Guitare et Jardin). En dépit de son titre, “2nd Degree” n’est pas à prendre à la légère, puisqu’il s’agit d’un heavy blues-rock aussi rampant que certaines incursions de Black Sabbath en ce registre. Si l’on peut ergoter quant à sa pertinence (d’autant que son chorus lorgne un peu trop vers ce shredder de Bonamassa), la reprise instrumentale de “Party” (“After Party”) remet ensuite les pendules à leur place, avant qu’une prise live de “Lose Some Weight” ne vienne fermer le ban. Il était temps que le Texas nous offre une alternative crédible à sa longue lignée de clones de SRV (même si le ci-devant “Party” continue à s’y référer). Avec Mathias Lattin et son blues mâtiné d’harmonies jazz et de groovy swing, une nouvelle page de l’Histoire du Lone Star State semble en effet sur le point de s’écrire. Welcome, young man, we’ve been waiting on you !

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 23rd 2023

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