Synth-Rock

Pour son vingtième anniversaire, MASERATI, cette autre formation d’Athens en Georgie (patrie de REM et des B-52’s) livre un dixième album plus que jamais empreint de la même froide détermination. Les rythmes martiaux y côtoient ainsi de tranchants riffs de guitare, zébrés d’acides nappes de synthétizers et d’injonctions traitées au vocoder. Si le titre, emprunté à Lewis Carroll, résonne comme une invitation, l’autre côté du miroir se révèle aussi angoissant que l’époque dont il se veut le reflet. “2020”, la plage d’ouverture, sonne comme le Vangelis glacial d”Antarctica”, tandis que “A Warning In The Dark” et “Welcome To The Other Side” évoquent un croisement monstrueux entre Kraftwerk, Daft Punk et Dépèche Mode. Les véhéments instrumentaux “Killing Time” et “Empty” renvoient quant à eux au Cure de “Disintegration”, et si “Der Honig” (le miel, en allemand) virevolte effectivement comme l’intérieur d’une ruche en furie, on n’y entrevoit nulle vertu édulcorante pour autant. Le disco-funk électro-frénétique “Wallwalker” qui referme l’album sur une spirale infernale semble invoquer cette maladie que l’on nomme la chorée, plus communément appelée “danse de Saint Guy”. Quand l’efficacité offensive d’un fusil d’assaut s’allie à la précision chirurgicale d’un scalpel affûté, le vertige qui s’empare de l’auditeur s’apparente à celui qui saisit Harrison Ford dans le “Blade Runner” de Ridley Scott. Au XXIème siècle, MASERATI n’est plus seulement une marque automobile: la firme de Modène construit désormais des réplicants, ces robots d’apparence humaine qui menacent de prendre l’ascendant sur nos civilisations…

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 16th 2020

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