MARY GAUTHIER – Rifles & Rosary Beads

In The Black / Thrity Tigers / Modulor
Americana

À côté de Mary GAUTHIER, KD Lang, Michelle Shocked et Patti Smith passent respectivement pour Mère Teresa, Sainte Thérèse d’Avila et Bernadette Soubirous. Car pour ce qui est d’emmerder le monde en général (et l’establishment en particulier) Mary GAUTHIER n’a toujours pas son équivalent. Lesbienne revendiquée, elle fut abandonnée à la naissance dans un orphelinat d’où elle fut ensuite adoptée par un couple d’Italiens catholiques de Thibodaux, en Louisiane. En fugue dès ses quinze ans, elle passa le reste de son adolescence entre centres de désintoxication, squatts et canapés de fortune, fêtant même son 18ème anniversaire en prison! Consommatrice effrénée d’alcool et de drogues, elle dirigea onze ans durant un restaurant cajun dans la banlieue de Boston avant de se faire arrêter pour conduite en état d’ivresse. C’est alors qu’elle cessa complètement de boire et décida de se consacrer pleinement à la musique. N’ayant écrit sa première chanson qu’à l’âge avancé de 35 ans, elle vendit ses parts du restaurant pour financer son second album, le célèbre “Drag Queens & Limousines”. Celui-ci la propulsa du jour au lendemain au firmament de la scène folk internationale, lui valant pas moins de quatre Awards. Toujours du côté des laissés pour compte et des parias, elle consacre son dixième album à la parole des vétérans des derniers conflits armés américains (du Vietnam à l’Irak, entre autres). Chacun de ses onze titres porte ainsi la co-signature de veuves, parents et soldats dont les familles et parcours personnels accusent les stigmates de ces guerres, ainsi que du toujours difficile retour au pays (“The War After The War”, “Still On The Ride”, “Bullet Holes In The Sky”). Dès le “Soldiering On” d’ouverture, on comprend qu’on n’est pas confronté au chœur des pleureuses, mais à un témoignage vibrant où rage et fierté le disputent à l’amertume. Textes et orchestrations (entre folk et country, dont pedal-steel, harmonica et violon cautionnent l’enracinement populaire) se fondent ici en un syncrétisme d’une efficacité rarement égalée. “Des Fusils Et Des Chapelets”: où qu’ils se trouvent, Townes Van Zandt, Dylan et Springsteen peuvent assurément lui tirer leur chapeau . Un chef d’œuvre bouleversant.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

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