Blues |
Martin Harley a enregistré quatre albums avec son groupe éponyme. L’été dernier, après s’être produit à Crawford, Tennessee, avec pour seul support le contrebassiste Daniel Kimbro, il est entré en studio à Nashville pour enregistrer d’un trait ce projet (effectivement ‘live’ donc, bien que sans public). "Cardboard King" s’ouvre sur des arpèges glissés évoquant le son du sitar. On se remémore l’émotion que nous procura la première écoute d’Harry Manx, ou encore celle du John Butler des débuts. "Winter Coat" s’inscrit ensuite dans une veine Americana de bon aloi, entre Jackson Browne et le Band – pas désagréable, mais nettement moins personnel. Heureusement, Harley reprend la main sur une superbe adaptation de "Goodnight Irene", pour ne plus la perdre au fil des huit plages restantes. "Can’t Help Moving" est un chouette country blues, tandis que "Honey Bee" est un ragtime dans le style des Appalaches, où le picking de Martin s’exprime avec brio. Le "Chocolate Jesus" de Tom Waits reçoit un traitement plus Delta blues que nature, combinant slide et picking avec une impressionnante virtuosité. Guère loin du bluegrass, "Automatic Life" confirme à quel tricoteur on a affaire, tandis que Kimbro harmonise en contrechant sur le refrain. Retour au blues sur le mode acoustic swing, pour "Money Don’t Matter", histoire de confirmer l’étendue de sa palette, avant qu’une adaptation du pourtant rabâché "Nobody’s Fault But Mine" de Blind Willie Johnson n’achève d’emporter l’adhésion. L’agilité du picking y éblouit à nouveau, tandis que le moindre accent de slide sur la Weissenborn s’avère bouleversant. Harley fait mine de refermer cet rondelle sur une pochade gypsy façon Django ("Love in The Afternoon"), mais un onzième titre en bonus caché confirme avec bonheur la référence à Manx décelée d’entrée de jeu. Recommandé !