Blues

Trente années et quelques à bourlinguer aux côtés de James Brown, une dizaine d’autres auprès de Maceo Parker: peu de chanteuses peuvent se targuer d’aligner pareil curriculum…! Ayant fait ses débuts au sein d’un ensemble vocal voici un demi-siècle, Martha High fut donc confinée aux backing vocals durant l’essentiel de sa carrière. On sait désormais qu’elle valait bien mieux que cela. À l’heure où Sharon Jones, Lee Fields, Charles Bradley et le staff Daptone sont parvenus à ramener la soul des sixties au goût du jour, il n’est que justice de restituer à Miss High le rang qui lui revient. Nos Bordelais des Shaolin Temple Defenders la lui avaient déjà rendue en 2009 (pour l’album live "W.O.M.A.N." sur Soulbeats). Résidant désormais en Europe, c’est à Rome, et sous la houlette du soul aficionado Luca Sapio, qu’elle a enregistré ce qui ne constitue pourtant que son sixième album à ce jour. Le son est analogique, l’esprit souvent très soul sudiste, façon Aretha au début des seventies ("Lovelight", "The Hardest Working Woman", "For The Good Times"). Cuivres, Fender Rhodes, choeurs et clavinet aux petits oignons, rythmique chaloupée à souhait: à l’évidence, on peut aussi produire un rhythm n’blues vintage à l’ombre des tours du Vatican. Il est vrai que, comme chez la plupart des consoeurs de sa génération, son art vient du gospel, pratiqué toute jeune à l’église de sa communauté. Des chansons de résilience ("The Hard Way", "Always Worth The Pain"), d’autres d’amour ("Singing This Song (For You)", "You Baby") et de dignité ("Im A Woman"): les thèmes immémoriaux qui constituent encore et toujours le terreau de l’authentique deep soul.

Classe et profond: mieux qu’un retour, une consécration !