Jazz, Ragtime

D’abord, il y a la Muldaur (alias Maria Grazia Rosa Domenica D’Amato), née à Greenwich Village voici déjà… Euh, il suffit d’énoncer qu’elle n’avait pas 25 printemps en mai 68, et qu’elle chante depuis l’époque où les Beatles posèrent pour leur première fois leurs boots en Amérique. En ce temps là, elle se produisait au sein de l’Even Dozen Jug Band (puis du Jim Kweskin Jug Band), où elle assurait les parties vocales, ainsi à l’occasion que celles de violon. Le folk revival battait alors son plein, sous l’égide de Pete Seeger, Stefan Grossman, Peter, Paul & Mary et Bob Dylan. Elle y connut son futur ex-mari Geoff, avec lequel elle fit brièvement partie du Better Days de Paul Butterfield, et enregistra deux LPs en duo. Avec une quarantaine d’albums solo à son actif (et près d’une vingtaine de contributions à des projets collectifs), ce n’est certes pas une perdrix de l’année. Croulant sous les distinctions, cette résidente de longue date de Woodstock n’en semble pas moins avoir gardé une fraîcheur et une curiosité tenaces. C’est ainsi qu’elle en est récemment venue à découvrir la jeune formation Tuba Skinny, basée à New-Orleans. Interprétant majoritairement un registre traditionnel d’early-jazz du cru, cet octette comprenant quatre cuivres (tuba, clarinette, cornet et trombone), deux guitares, un washboard et un banjo s’active à maintenir vivace un patrimoine musical séculaire, que ce soit dans les clubs locaux ou lors de performances de rue. L’irrésistible ragtime swing que déploie ici cette complicité transgénérationelle ravive l’ambiance joyeuse et débridée de Storyville, et la plage titulaire (de la plume de la première épouse de Louis Armstrong, Lil Hardin) donne le ton. Deux titres proviennent du répertoire de cette délurée notoire de Valaida Snow (trompettiste, chanteuse et aventurière née au début du siècle dernier, adepte du double-entendre risqué, et qui fut un temps détenue par les nazis lors de leur occupation de la Scandinavie), tandis que le reste fleure bon ce jazz primitif des années folles et de la Prohibition. De Satchmo à Duke Ellington, et d’Irving Berlin à Dorothy Lamour et aux Boswell Sisters, c’est un pan entier de l’histoire du jazz originel qui reprend vie à nos tympans ébahis!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 9th 2021

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Maria Muldaur & Tuba Skinny – Let’s Get Happy Together (official audio video):

TUBA SKINNY au Festival de BLAUZAC: