Jazz moderne

Aegean Nights, enregistré à Paris (France) et mixé à Paros (Grèce), est beaucoup moins rigide que ce que la paronymie de ces lieux laisserait supposer. Dans le cadre électro éclectique d’Aegn, le contrebassiste Marc Buronfosse officie en effet sur Fender VI, basse 6 cordes à diapason court accordée une octave plus bas qu’une guitare et popularisée par les héros du temps jadis que furent Jack Bruce et John Entwistle des Who. Celui-ci, pour filer le paradoxe, rend hommage à son île grecque chérie avec un jazz ostensiblement nordique: impulsif, engagé, entre caresses et crocs. “Oia’s Night” et sa grille d’accords descendants pop rock augure ainsi d’un “Thea’s Night” au riff crasseux et jeuniste. A l’inverse, “Aegean Nights”, odyssée “tripnotique” pour talk-over à la Michel Houellebecq, tempère l’emportement victimaire de “Migrant’s Night”, flanqué des “brother, brother, brother” naïfs d’un Marvin Gaye non crédité. Le bon professeur au CRR de Paris s’est-il seulement aperçu de son train de retard sur la dialectique de gauche pour qui les “migrants” traversant la mer Egée, hier “sans-papiers”, sont aujourd’hui qualifiés d’”exilés”?

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

PARIS-MOVE, November 28th 2020

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