MANU LE PRINCE – Children of The Night – Tribute To Wayne Shorter

Frémeaux & Associés /Socadisc
Jazz
MANU LE PRINCE - Children of The Night - Tribute To Wayne Shorter

Demi-sœur cadettte de feu Richard Anthony (dont ce n’était pas davantage l’état civil officiel que ceux de ses contemporains Franck À l’Harmo, Alain Chant Fort ou Jauni A l’Idée), Manu Le Prince naquit Manuela Btesh, de parents anglais et égyptien. Ayant conservé pour nom de scène sa première identité maritale (elle épousa en son temps André “Dess” Leprince, guitariste et chanteur de Tangerine, l’un des porte-étendards de la scène prog-rock française au mitan des seventies), c’est en tant que Valérie Btesh qu’elle contribua toutefois avec celui-ci (aux côtés de Francis Lockwood, Jean-My Truong et Gabriel Malka) à l’unique album de Pollen (“Rêve De Cristal”), ainsi qu’aux deux LPs de Tangerine parus alors chez Arcane et Crypto. Les années 80 la menèrent à participer à des aventures telles que Urban Sax, Magma et Odeurs, tout en accompagnant Bernard Lavilliers en tournée, avant de s’expatrier au Brésil, dont elle apprécie de longue date la musicalité. Y ayant bénéficié de rencontres décisives (Milton Nascimento, Hermeto Pascoal ou Tatau Caetano, batteur  de São Paulo qui deviendra son nouveau compagnon), elle enregistre à son retour dans l’Hexagone son premier album solo, “Agora”, suivi de “Madrugada”, “In A Latin Mood”, ainsi que d’hommages respectifs à Cole Porter et Johnny Alf (“Bossajazz Forever”). Jamais à court de défis, c’est en compagnie d’une dream-team où s’illustrent les percussionnistes Robertinho Silva et Minino Garay, le contrebassiste Felipe Cabrera, le batteur Lukmil Perez, le superbe pianiste Leo Montana, ainsi que les saxophonistes Irving Acao (également en charge des arrangements) et Baptiste Herbin (sans oublier ses propres rejetons, Gaël et Julian Leprince-Caetano), qu’elle se propose à présent d’adapter une demi-douzaine d’originaux du mythique Wayne Shorter, quitte à les doter pour la circonstance de lyrics de son cru. Dès le majestueux “Eleonora (Lady Day)” introductif, on mesure avec quelle ferveur et quelle exigence Manu et ses hommes se sont investis dans ce projet. Assortissant de breaks latins le “Speak No Evil” de Shorter, ou “brazilianisant” la plage titulaire (avec le sax sinueux de Baptiste Herbin, et les ivoires virevoltants d’un Montana en état de grâce), Madame Le Prince surplombe magistralement ces adaptations de son timbre subtilement voilé. Milton Nascimento n’est pas en reste, puisqu’elle reprend également dans leur langue originelle ses propres “Tarde” et “Vera Cruz” (avec le bassiste Acelino De Paula, le pianiste Kiko Continentino et Zaza Desiderio aux drums), les restituant avec une verve jazz-bossa irrésistible. Qu’elle transpose (en portugais) le “Footprints” de Shorter (“Caminho Solar”) ou encore ses “Infant Eyes” et “Beauty & The Beast”, elle tutoie avec grâce et conviction les sommets parcourus en leur temps par Stan Getz, Ella et Gillespie sur les répertoires de Jobim et Gilberto. Adoubé par Shorter et Hermeto Pascoal in person, voici donc un sérieux candidat aux “Chocs du Jazz” de ce millésime!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 4th 2022

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En mettant en paroles les grands standards du répertoire du saxophoniste, qui l’a encouragée sur ce projet d’album, la Diva, ambassadrice reconnue du latin jazz en France et dans le monde, rend un vibrant hommage au musicien natif de Newark (1933!). Elle a rassemblé, pour réussir cette oeuvre, une pléiade de musiciens cubains, brésiliens et français. Six titres sont signés Wayne Shorter, deux du musicien brésilien Milton Nascimento et un de son compatriote Kiko Continentino en collaboration avec la chanteuse pianiste percussionniste. Et l’on retrouve Irving Acao au sax, Leo Montana ou Julien Leprince-Caetano au piano, Felipe Cabrera à la contrebasse, Lukmil Perez à la batterie, Robertinho Silva, Gael Le Prince-Caetano ou Minino Garay aux percussions, mais aussi Baptiste Herbin, Acelino de Paula, Zaza Desiderio… Une musique qui, comme le titre de l’opus l’indique, est faite et jouée pour être écoutée la nuit. Délicatement chahuté entre le nord et le sud, on se laisse totalement envouter par la voix de Manu Le Prince et les accompagnements de ses musiciens. Une superbe invitation aux voyages (au pluriel).

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, September 26th 2022

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