Manu Lanvin and the Devil Blues – Mauvais Casting

Gel Production / Verycords
Blues

Avec ce quatrième disque, l’ancrage de Manu Lanvin dans la musique Bleue est indéniable. De ces blues d’écorché dont son ami Calvin Russel avait l’habitude. Guitare rageuse sur ‘Sur La Route Sixty One’, ‘Don’t Beat A Woman’ et ‘Laisse-moi respirer’, ou encore ce ‘Lil White Man’ que l’on estampille ‘pur boogie rageur’. Après ‘Venir au Monde’, ‘Les Temps Mauvais’ et ‘Faible Humain’, ‘Mauvais Casting’ annonce d’entrée la couleur. Il faut dire que le dernier album du camarade texan parti rejoindre Hendrix, Brian Jones et tant d’autres, ‘Dawg Eat Dawg’, avait été produit par ses soins et que le contact prolongé avec l’ami américain avait fortement renforcé son envie et son besoin de revenir au Blues. Il tient bien les guitares, particulièrement le bottleneck et la slide, tandis que Gabriel Berry est à la contrebasse et Jimmy Montout à la batterie. Sont aligné six titres en français et six en anglais. On ne peut s’empêcher de penser au cinéma américain à la lecture de certains titres: ‘Sur la route Sixty One’, ‘Mauvais Casting’ ou ‘Tendre est la nuit’, et l’on attend déjà avec impatience les clips de ces morceaux. Je profite de l’occasion pour vous faire savoir que cet opus ne marque pas simplement un retour à toute la musique que l’on aime puisqu’il y a également de bien beaux morceaux auxquels on ne collera pas d’étiquette, car ils s’en passent très bien: ‘Donne-moi la fièvre’, ‘My Good Old Friend’, ‘Sir AD and Mr A&R’ ou ‘Tendre est la nuit’ qui fait penser au ‘You Can’t Always Get What You Want’ des Rolling Stones, à cause de la mélodie, sans doute…
Nicolas Bonnière, Dolly et Eiffel avaient commencé à travailler avec lui et Calvin. La collaboration continue sur cette nouvelle galette. Une dizaine de dates cet été vont lui permettre d’affûter ses morceaux et ses guitares et gageons que le bouche à oreilles va fonctionner à fond et donner de plus en plus envie à ceux qui hésitent à bouger à faire quelque chose de mieux de leurs soirées que simplement demeurer dans leurs pantoufles. Il se passe des choses en France, la nuit, sachez-le, et un concert de Manu Lanvin et ses Devil Blues fait partie de ces choses à aller voir en Live. Où et quand? Aller sur son site officiel www.manulanvin.com et vous saurez tout.

 

Le départ du texan avait sans doute marqué Manu Lanvin beaucoup plus profondément qu’il n’avait voulu peut être le reconnaître lui-même, et c’est avec cette rage et cette hargne texane que Manu a repris sa gratte pour nous envoyer dans les gencives un opus aux odeurs acres et à l’esprit indigné. Dans ‘Mauvais casting’ il s’indigne de voir les humains gaspiller les ressources terrestres et il réclame ‘du vent, du vide’. Du vent comme celui qui ouvre l’album. Le premier titre, ‘Sur la route sixty one’, nous plonge d’entrée sur la route du blues, chanté en français, avec intro venteuse avant que le rythme endiablé ne vous emporte sur la route 61, histoire de bien vous balader avant de vous pousser dans un juke joint pour y écouter ‘Don’t Beat A Woman’. Basse et guitare bien grasses, percussions et choeurs féminins perforants, c’est l’invit’ à boire un coup en écoutant Manu chanter en anglais cette fois. Passant de manière insolente de l’anglais au français, le garçon ne cherche nullement à masquer ses origines et garde un accent bien frenchie dans son anglais. De quoi ravir les ricaines, je vous l’dis.
Court mais avec ce goût salé de morceau qui aurait pu durer une éternité, ‘Donne-moi la fièvre’ est inclassable. Ni blues, ni rock, ni blues-rock, ce morceau a arraché sa propre étiquette pour se mettre à l’écart des autres titres, avec ce son si puissant et ce rythme si lent qu’ils vous envahissent jusqu’à provoquer la sensation de manque. Bordel, en voilà un que le Manu aura intérêt à faire durer et à faire jouir, sur scène, avec soli de gratte à déchirer la nuit, dans le plus pur style de maître Calvin. Car dans ce titre comme d’autres, on se demande si le poids de l’absence de son pote Calvin n’a pas freiné Manu et qu’il n’a pas laissé vibrer sa guitare façon texane sans retenue. Créatif et raffiné, authentique et généreux, le Manu semble toutefois être un peu sur la retenue. Mais connaissant le lascar, ce sera en Live que tous ces titres prendront un autre volume, plus épais encore, et qui envahira l’espace jusqu’à faire sourire Calvin, là où il est. Car ‘Faudra sourire, pour le meilleur et pour le pire’ (‘Mauvais casting’).
Vous avez droit à quelques blues acoustiques du plus bel effet, comme ce ‘Not in the mood’ où l’harmo joue avec la gratte et les percus ou encore ce ‘Tomorrow’, avec cette slide libérée. Et toujours cet accent frenchie qui fera des ravages, je vous l’dis.
Attention, le bluesman Manu ‘Calvin’ Lanvin est de retour, et ce ‘Mauvais casting’ est la première pierre d’un édifice qu’on lui souhaite texan et bluesy, ‘russellien’ au possible.

Manu Lanvin and the Devil Blues