MANU DIBANGO - Negropolitaines

World Music

Manu Dibango, vétéran au sourire ultra-brite de l’afro-jazz, aura été le premier “people” à succomber au Covid, à 86 ans, le 24 mars 2020. Parce qu’il ne saurait réduire le saxophoniste camerounais à son seul tube intercontinental “Soul Makossa” (1972), triplement outragé par Michael Jackson (“Wanna Be Startin’ Somethin’” en 1982), Jennifer Lopez (“Feelin’ So Good” en 2000) et Rihanna (“Don’t Stop The Music” en 2007), Patrick Frémeaux propose cette réédition posthume du cycle Negropolitaines: deux sessions – 1989, puis 1992 avec le batteur Tony Allen plus un quatuor de violons – d’une synthèse très personnelle d’afro-beat, de mbaqanga et de soukouss avec la fine fleur des musiciens africains de Paris. Les liner notes, auto et ethno-centrées comme si l’éditeur sonore du souverainiste Michel Onfray voulait donner un gage aux décoloniaux, dévoilent un tracklisting foulant au pied toute chronologie. Il eût été plus inspiré de contextualiser “Indépendance (Cha Cha)”, hymne panafricain composé par Joseph Kabasele à Bruxelles, en 1960, au moment de la table ronde réunissant les dirigeants congolais et belges. Ou “Pata Pata”, de la militante sud-africaine Miriam Makeba, écrit en 1956, réarrangé en 1967, et repris en 1980 par… Sylvie Vartan. Musicalement, c’est lorsque le jazz se fait plus prégnant (“Aloko Party”, “Missiya”, “Longe Lese”) qu’on retrouve l’artiste qui chauffait les foules métissées à blanc, l’ambassadeur de Selmer qui n’hésitait pas à donner la réplique à des confrères plus affûtés (Jonathan Handelsman en 2014), le découvreur de talents qui faisait jouer ses protégé(e)s au milieu de son propre safari musical (Manou Gallo en 2019). Manu, tchao.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

PARIS-MOVE, April 24th 2021

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