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Ce recueil regroupant des sessions musicales initialement enregistrées entre 1978 et 89 fournit l’occasion de se pencher à nouveau sur l’œuvre abondante et foisonnante de ce musicien camerounais, compositeur et multi-instrumentiste. L’ouvrage est, à ce propos, découpé en chapitres distincts, tel un livre traitant de telle ou telle musique. Les renseignements fournis par le petit livret accompagnant la galette procureront une immense satisfaction à tous les mélomanes passionnés par la précision des informations concernant la spécificité des enregistrements. Un bon point que nous nous devons de souligner car il existe encore tellement de CD sortis avec un simple feuillet recto/verso ou un livret de quatre pages comprenant le moins possible de renseignements sur l’artiste et les titres proposés.
Dans un premier temps, nous revisitons une poignée de morceaux représentatifs d’une période bien précise où le saxophoniste, entouré de Robbie Shakespeare et Sly Dunbar, proposait et distribuait des rythmes fortement imprégnés d’influences jamaïcaines. Il faut dire que le premier des deux comparses en question est sans nul doute le bassiste le plus prolixe de sa génération dans l’accompagnement de morceaux reggae, tout comme le second, batteur par vocation, l’est dans le même registre mais avec fûts, cymbales et autres caisses claires.
Les titres issus de cette période ont d’ailleurs été enregistrés en 1978, à Kingston, ville d’où sont natifs les deux musiciens évoqués plus haut. Les influences africaines du leader fusionnent d’ailleurs parfaitement avec les tempos afro-américains que maîtrisent si bien le duo rythmique jamaïcain.
Le reste de cet ouvrage sonore traite d’autres périodes qui, évidemment, se distinguent entre elles par des différences musicales certaines, l’hétérogénéité du tout contribuant à souligner la diversité et la richesse des différents territoires explorés par Manu Dibango: un morceau date de 1986, une musique composée pour le cinéma et qui figure dans ‘Afrijazzy’, quatre titres proviennent de l’album ‘Waka Juju’ et un autre est extrait de ‘Negropolitaines – vol 1’ sorti en 1989. Alors que le héros de ces différentes sessions joue des saxophones ténor, baryton et soprano, mais aussi marimba, vibrations, instruments à vent, piano, DX7, vibraphone et qu’il chante sur différentes plages de ce recueil particulier, il s’est entouré de pas moins de sept bassistes, cinq batteurs, sept percussionnistes, dix guitaristes, sept claviéristes, un joueur de synthétiseur, cinq trompettistes, deux saxophonistes et deux trombonistes…auxquels il convient d’ajouter des chœurs, pour nous offrir les douze morceaux de ce recueil.
Cet opus doit donc être considéré, avant tout chose, comme une invitation à prendre, nous-mêmes, tous les sentiers musicaux que cet artiste s’en est allé visiter avant même que nous y songions, tel un guide nous ouvrant la voie.
Un album-confirmation pour tous les fans de Manu Dibango, un album-découverte pour tous les autres.