MAMA’S BISCUITS – Love Advice

Auto-production
Blues
MAMA'S BISCUITS - Love Advice

Une décennie que l’on était sans nouvelles discographiques de ces nominés aux Trophées France Blues 2005… Après un premier album unanimement célébré cette année-là (“Woman”), son successeur avait déjà mis sept ans à aboutir. C’est dire quelle minutie cette formation porte à ses enregistrements, et ce délai explique pour partie les menues variations qui en émaillent le line-up sur ces douze nouvelles plages. Si la vocaliste Véronique Sauriat demeure résolument aux commandes (et ses lieutenants, le guitariste Jérémie Tepper, le claviériste Bala Pradal et le batteur Philippe Floris à leurs postes respectifs), les non moins fidèles Bruno Maurin et Christophe Garreau se répartissent ici les parties de basse avec Hervé Guillet. Et pour cerises sur le biscuit, cet album présente en guests émérites l’excellent harmoniciste Vincent Bucher, ainsi que le saxophoniste Didier Marty, et Lionel Borée à l’orgue sur un titre. Dès l’adaptation du “Do I Move You” de Nina Simone qui ouvre le ban, on mesure que ces comparses n’ont pas chômé, et semblent plus déterminés que jamais à maintenir le degré d’exigence qui établit leur réputation. Dans la veine des Maîtres Walter Jacobs et Horton (ainsi que de leurs émules, les Musselwhite, Butterfield et Piazza), le solo de Bucher s’y révèle d’emblée époustouflant. Signée Sauriat et Tepper, la plage titulaire, “Run Baby” et le “I Don’t Love You No More” de H.B. Barnum renouent avec la veine rhythm n’ blues qui court dans leur ADN, et les six cordes de Jérémie y démontrent qu’elles n’ignorent rien non plus de pointures telles que Jimmy Nolen ou Steve Cropper, tandis que Pradal se la joue Booker T. et Didier Marty, Junior Walker. Le reste se répartit  entre standards brillamment revisités (“Baby Please Don’t Go” en mambo, “Need Your Love So Bad” de Little Willie John façon Fleetwood Mac sans les violons, mais avec un Tepper étincelant, ou le “No One” de Pomus et Shuman en ragtime millésimé, prétexte pour Bucher à s’en donner à cœur-joie dans ce registre suranné) et originaux bien troussés (dont deux titres en français). Sur le “Going Home” conclusif, JérémieTepper rend un hommage appuyé au regretté B.B. King, et outre la prise de son ample et chaleureuse que prodigue Lionel Borée, il faut souligner le superbe artwork réalisé par le peintre et photographe Alain Bertrand (incitant à opter pour le format vinyle, quitte à l’encadrer dans le salon). Si les auto-productions affichent désormais ce niveau de professionnalisme, les labels n’ont plus qu’à bien se tenir.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 17th 2022

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