MALCOLM HOLCOMBE – Tricks of The Trade

Need To Know Music
Americana
MALCOLM HOLCOMBE - Tricks of The Trade

Près de trois ans après son “Come Hell Or High Water”, Malcolm Holcombe nous revient avec son quinzième album à ce jour. Débarqué à Nashville en 1990 depuis sa Caroline du Nord, il y pratiqua la plonge en cuisine avant d’être signé en 1996 par Geffen Records… Tardivement conscient du potentiel commercial limité du bonhomme, le label renonça toutefois à éditer l’enregistrement subséquent (qui vit plus tard le jour sur Hip-O Records). Le bonhomme se caractérise par trois qualités spécifiques : son impressionnant jeu en picking, son talent affûté de songwriter, et ses thèmes récurrents. Marginalité, inadaptation sociale, dépression, errance, tribulations et quête d’un hypothétique répit (pour ce qui est du salut, Malcolm ne semble plus guère se faire d’illusions)… Tous sujets qu’épuisèrent à loisir de grands prédécesseurs tels que Townes Van Zandt, John Prine et Fred Neil, mais qui s’expriment chez Holcombe sous un jour particulier. Car si l’on devait résumer ce dernier sous un vocable unique, ce serait sans doute celui de storyteller. Pour capter ces treize nouveaux originaux, il élut domicile aux Seven Deadly Sins Studios de son ami bassiste Dave Roe, en périphérie de Nashville, s’y entourant de son fidèle complice Jared Tyler (dobro, slide, mandoline), ainsi que du propre fils de Dave, Jerry, à la batterie sur quelques titres (Miles McPherson assurant le reste). Premier changement notable au regard de son prédécesseur, Malcolm y adopte cette fois une approche plus électro-acoustique, et Jared y passe donc parfois à la Telecaster. Évolution patente dès le “Money Train” d’ouverture, que Malcolm éructe de son timbre rocailleux évoquant un Tom Waits levé du pied gauche (et trouvant son écho dans le non moins sarcastique “Crazy Man Blues”). Le country-rock de “Misery Loves Company” rappelle le débit pâteux du regretté Calvin Russell, pedal-steel à l’appui, tandis que s’y décline une de ces sempiternelles histoires de cœur brisé sur le comptoir (sans que l’on puisse réellement déterminer lequel de ces éléments se trouve à l’origine de l’autre). “Into The Sunlight” aurait pu figurer sur le “Nashville Skyline” de Dylan, si seulement ses lyrics avaient pu s’avérer un brin plus hermétiques. Protest-song s’il en est, “Your Kin” désigne sans ambiguïté les responsables de la misère et de l’oppression des défavorisés in the Land Of The Free. Sentiment de désespérance et de désolation qu’intériorisent ensuite “Damn Rainy Day”, “Higher Ground”, “Good Intentions” et le véhément “On Tennessee Land”, sur un mode semi-acoustique que n’aurait pas renié J.J. Cale. Un certain Ron de la Vega officie au violoncelle sur le tendre (et aviné ?) “Lenora Cynthia”, tandis que la plage titulaire nous remémore à point nommé quel digne émule de Mississippi John Hurt demeure Malcolm. Toutes également remarquables, les paroles de ces nouveaux classiques figurent dans le livret, et la version “Deluxe” de cet album propose en bonus track un rageur (et explicite) “Windows of Amsterdam”, traitant du commerce charnel qui s’exerce au grand jour dans la red light area de cette cité batave. Accordez vous donc une faveur: à la différence de maints pseudo-singers-songwriters actuels, Malcolm Holcombe peut se révéler aussi imparable qu’une crise cardiaque. Demandez donc à Mary Gauthier (qui assure les chœurs sur quelques titres) ce qu’elle en pense.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 23rd 2021

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MALCOLM HOLCOMBE – Money train (official video):