MAINSTREAM FUNK – WeWantSounds

Funk, Jazz
MAINSTREAM FUNK - WeWantSounds

Sous l’égide de son petit-fils (qui n’est autre que le réalisateur de comédies à succès Judd Apatow), WeWantSounds poursuit la défense et l’illustration du catalogue spiritual jazz et funk de l’immense producteur Bob Shad. Né Abraham Shadrinsky à New-York au tout début des années 20 du siècle dernier, celui-ci se lança dans l’entreprenariat musical dès les années 40, après ses débuts en tant que producteur salarié pour Savoy et National (notamment auprès de Charlie Parker), pour fonder en 1948 son propre label – premier d’une conséquente série. Après y avoir édité des bluesmen tels que Smokey Hogg, Lightnin’ Hopkins ou encore Sonny Terry & Brownie McGhee, il fit ses armes chez Mercury, où il supervisa sur le subsiduary EmArcy des pointures telles que Sarah Vaughan, Billy Eckstine, Dinah Washington, Max Roach ou encore Clifford Brown, avant de découvrir et signer dès 1966 (avant Columbia) une Janis Joplin débutante au sein de Big Brother & The Holding Company. Pas précisément sourdingue, ce bon Bob créa ensuite (voici cinquante ans) Mainstream Records, où il s’attacha à n’employer que la crème des artistes et session men d’une scène jazz alors en pleine révolution. Mais là où, sous l’impulsion des Miles Davis et consorts d’alors, les majors empruntaient gaillardement le train de la fusion jazz-rock, Bob Shad s’attacha (comme Blue Note au même moment) à explorer plutôt les sillons fertiles du croisement entre jazz et soul, pour bâtir en définitive l’un des plus impressionnants patrimoines en la matière. Cette nouvelle livraison comporte à nouveau quelques magistrales pièces de résistance, tel ce “Quet Afternoon” de Buddy Terry (où le sax et la flûte de ce dernier s’inscrivent dans la veine du John Coltrane de “Africa Brass”), avec pour section rythmique deux batteurs (dont Lenny White) et deux bassistes (dont Stanley Clarke), ou encore le tout aussi irrésistible et trépidant “M’Bassa” du pianiste LaMont Johnson, voire la craquante version originale du “Super Duper Lover” du chanteur et guitariste Sugar Billy (que reprit bien plus tard Joss Stone). S’ouvrant sur une terrassante adaptation du “Inner City Blues” de Marvin Gaye par la grande Sarah Vaughan (quasi-contemporaine de l’original, paru alors sur son classique “What’s Going On”), cette nouvelle anthologie est truffée de pépites (les instrumentaux “Right Off” du guitariste John White, avec un Merl Saunders impérial au Fender Rhodes, ou ce “Matrix” du pianiste Mike Longo, avec rien moins que le guitariste Al Gafa, ainsi que Ron Carter à la basse, et Potato Valdes aux congas), pour se conclure sur l’infernal “It’s The Right Thing” du saxophoniste alto Pete Yellin. Je n’aurais pas dit mieux.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 27th 2021

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Sugar Billy (1975) – Super Duper Love Parts 1 & 2: