Magna Carta – Prog Around The World

Magna Carta – MA-9102-2
Rock
Et voici un album qui aurait sans doute bien fait plaisir à Jules Verne, l’opus en question proposant un tour du monde en douze titres grâce à des artistes de 8 nationalités différentes.
 
Premier musicien à nous faire décoller pour ce tour du monde, le guitariste canadien Dave Martone, avec ‘Moron Face’, extrait de son album ‘Clean’ (sélection Paris-Move et noté 4CD). Un guitariste qui ne se la joue pas ‘petit bras’ et qui envoie ce qu’il faut, secondé sur ce titre par la blonde Jennifer Batten en très grande forme qui vous aligne un solo assassin à la six cordes.
 
A peine le temps de reprendre sa respiration que l’on croise en vol le chanteur hongrois Zoltan Kiss et son combo, Age Of Nemis, dans lequel je vous recommande tout particulièrement le virtuose des noires et blanches, Gyorgy Nagy aux claviers, l’époustouflant Zoltan (le second du band) Fabian à la guitare et un duo d’enfer à la rythmique : le monstrueux Csaba Berczelly à la basse et le fougueux Laszlo Nagy aux drums. Age Of Nemis, c’est du ‘brut de fonderie’ et cela vous remet les idées en place sur ce qui essentiel dans la vie.
 
Premier détour par les USA, ensuite, avec le Liquid Trio Experiment et son ‘Holes’ qui mélange les genres, bouscule les frontières, voire les efface, pour que rock et jazz puissent fusionner dans une étreinte torride et magnifiée par les trois zikos: Tony Levin à la basse, Mike Portnoy à la batterie et Jordan Rudess aux claviers. Originalité de ce combo, l’absence de guitariste-mercenaire de service qui permet de redécouvrir une formule claviers-basse-batterie qui faisait fureur dans les 70’s et qui, malheureusement, s’était perdue. Alors un grand merci, déjà, à ce Liquid Trio Experiment.
 
Autre grosse claque ensuite, avec ces ritals de Derdian, et qui démontrent aux nordiques comme aux ricains que les musiciens de la péninsule en forme de botte féminine ont le feu sacré du rock le plus intense. Superbe démo de gros rock, façon bâton de dynamite qui vous explose à la gueule, avec ce ‘I Don’t Wanna Die’, avec ces quelques breaks ici et là qui rappellent le Yes des grandes années. Un morceau à la richesse musicale indéniable.
 
Moment particulier, ensuite, avec ce somptueux ‘Ancient Land’ signé Ethan Brosh et qui offre à Israël des pulsions rock d’une luminosité intense. Extrait de ‘Out Of Oblivion’ (sélection Paris-Move et noté ‘Coup de Cœur’), le titre interprété en scotchera plus d’un sur place. J’en connais qui après avoir écouté ce morceau, iront revendre leur Fender, hé oui. ‘Ancient Land’, un des grands moments de cet album, et qui vous donnera l’envie de découvrir l’opus de Ethan Brosh.
 
Petit crochet par les néerlandais de Lemur Voice et leur ‘Intuition’ qui, malheureusement pour eux, sonne presque trop sage et trop propre sur lui après lé déluge de feu précédent. C’est du rock efficace, rien à dire là-dessus, mais qui aurait peut être mérité de passer avant Ethan Brosh tant le guitariste éclabousse ce ‘Prog Around The World’ de toute sa classe.
 
Une classe que les British de Ozric Tentacles touchent du bout du doigt avec ‘Armchair Journey’. Un titre dont l’intro planante façon Pink Floyd ou Yes vous fait redécoller à nouveau. Ce qui est, faut-il le rappeler, l’objet de ce CD: vous faire voler de pays en pays, et vous montrer que le monde peut se traverser en 12 titres.
(NDLR: Ceci dit, un double CD n’aurait-il pas été le Top ? En effet, une fusée n’a-t-elle pas toujours plusieurs étages?)
‘Armchair Journey’: sans doute ce qui se fait de mieux comme héritiers et porteurs de la flamme rock planant depuis…, depuis longtemps, c’est sûr. Un rock de ralliement pour les âmes perdues et celles qui errent depuis les 70’s. Une façon de revenir à l’essentiel.
 
Grosse, énorme surprise ensuite avec ces brésiliens de Khallice. Et puis là, les loustics, avec leur ‘Spiritual Jewel’, ils nous le font boire jusqu’à la lie, le calice. Le chanteur, Alirio Netto, est énorme, incroyable et habité comme peu le sont encore. Côté guitare, le Marcelo Barbosa n’est pas mal non plus. Rageur quand il le faut, tendre et subtil quand nécessaire. C’est du rock qui arrache tout sur son passage, qui vous décolle les affiches des autres bands pour ne laisser que les siennes. C’est puissant, tout simplement.
 
Halte plus longue outre-atlantique avec deux groupes estampillés USA, Stripsearch, tout d’abord, puis The Hideous Sun Demons. Deux trios aux effets dévastateurs auquel le premier, Stripsearch, s’est adjoint les services d’un saxophoniste, Jason Feese, et ce plus, très sincèrement, je vous le recommande. Deux groupes qui sentent la sueur du boulot bien fait, mené à un rythme d’enfer.
 
Passage par la case française qui ressemble à un hexagone, me dira le mathématicien qui dirige ce vol Magna Carta, avec Anthropia et son ‘Lion-Snake’, morceau brûlot qui prouve que y’a pas que chez les ritals que l’on a le feu du rock. Et puis petit clin d’œil à nos amis de Derdian qui n’ont pas eu, eux, la géniale idée d’inviter Marie-Eve Orengo comme sorcière. Oui, celle qui apparaît ici aux côtés du batteur Damien Rainaud et du chanteur Hugo Lefevre. Celui-là qui assure les guitares, la basse et les claviers. Pour ne pas les avoir encore vus en ‘live’ je ne sais pas trop comment le loustic peut jouer de tous ces instruments en même temps, mais au moins il démontre, le bougre, que la France a décidément de supers zikos qui peuvent en montrer à qui en veut en voilà. Indiscutablement, l’une des deux grosses révélations de cette compil Magna Carta.
 
Et pour clore ce vol, terminer ce voyage rock, quoi de plus beau qu’un immense et long solo offert par le duo suédois des maîtres de la six cordes, Ola Frenning et Christopher Malmström, accompagnés par le seul batteur Peter Wildoer. Un long final qui clôt cet opus comme le rideau qui se referme sur les acteurs.
On ressort ravi, heureux, avec une seule et unique envie, revenir, refaire ce tour du monde Magna Carta. Alors on reste assis et on appuie simplement sur ‘play’. Magique, tout simplement.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
Magna Carta