MAGMA – Eskähl 2020

Seventh records / Bertus
Prog' Rock, Zeuhl
MAGMA

Qui a envie de se fader un double live de Magma en 2021, je vous le demande? Réponse: beaucoup de monde, pardi! À commencer par les bienheureux qui assistèrent, début 2020, aux premiers concerts de cette tournée marquant le jubilé de la formation, avant que la crise sanitaire n’y portât un coup d’arrêt aussi inopiné que (nous l’espérons) provisoire. Sans compter que, par delà les quelques 150 musiciens qui participèrent un temps à l’aventure, la formation que dirige à la baguette l’immarcescible Christian Vander continue à drainer des cohortes d’inconditionnels, où se côtoient plus que jamais fidèles de la première heure et récents convertis. Musique de fusion par excellence (au sens volcanique du terme), celle de Magma persiste (comme en témoigne l’inespéré “Zëss” paru l’an dernier) à mêler ses références classiques, slaves et germaniques avec le jazz coltranien, dans un souffle lyrique que portent à présent pas moins de six vocalistes (dont la toujours aussi inamovible Stella Vander). Aux côtés du lider maximo se tient à présent un line-up renouvelé: outre les fidèles Simon Goubert et Thierry Eliez aux claviers, Jimmy Top (rejeton de Jannick) officie ainsi à la basse, et Rudy Blas aux six cordes. Du fragment introductif de l’oratorio “Theusz Hamtaahk” à celui, cathartique, de “Mëkanïk Dëstruktïw Kömmandöh” (ne cherchez plus où Motörhead avait bien pu contracter sa lubie du tréma), ces huit extraits de concerts (majoritairement captés le 8 mars 2020 à Perpignan, à l’exception de deux plages saisies la veille et l’avant-veille à Toulouse et Bordeaux) témoignent de l’intemporelle persistance de l’entité kobaïenne. Si le “Kobaïa” qui ouvre le second CD assume (sans complexe et pour notre bonheur) sa seventies prog touch (dans la ligne de ce que produisaient alors Yes, ainsi que Pete Brown avec son Piblokto, et Brian Auger avec l’Oblivion Express), le délicat instrumental “Auroville” (au cours duquel les deux claviers se répondent en un aérien ballet) et le conclusif (et martial) “Tröller Tanz” confirment la vaine futilité de toute tentative de classification. Avec en prime ce “Wurdah Ïtah” dont usa Yvan Lagrange pour la B.O. de son film “Tristan et Yseult” en 1972, ainsi qu’une émouvante version du “For Tomorrow” du récemment disparu McCoy Tyner (solo de batterie inclus – sacré Christian, va: coltranien un jour, coltranien toujours), voici donc le double album d’un groupe mieux que survivant: vivant et palpitant.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 4th 2021

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MAGMA – Eskähl 2020 Bordeaux​-​Toulouse​-​Perpignan: album à commander sur le Bandcamp de MAGMA, ICI